Une nouvelle copie de la Tour Triangle repensée par la Mairie de Paris et Unibail-Rodamco vient d'être rendue. Le projet, imaginé par les architectes Herzog & de Meuron, devrait donner plus de place aux services publics et intégrer un hôtel de luxe ainsi qu'un incubateur d'entreprises. Un vote pourrait être soumis aux élus au printemps. Précisions et réactions.

La Tour Triangle, acte II ? Depuis le vote négatif du Conseil de Paris le 17 novembre dernier, avec 83 bulletins contre 78, la municipalité parisienne et le promoteur Unibail-Rodamco ne désarment pas et viennent de livrer une nouvelle copie au projet à la Porte de Versailles à Paris des architectes suisses Herzog & de Meuron.

Une "nouvelle programmation" dévoilée aux élus en février

Un porte-parole d'Unibail-Rodamco a ainsi confirmé à l'AFP que le groupe envisageait une "nouvelle programmation", qui devrait être présentée aux élus "mi-février". Sous couvert d'anonymat, il a précisé que le promoteur réfléchissait à l'installation d'un hôtel quatre étoiles sur un flanc de la tour - qui existait d'ailleurs dans les premières esquisses - à une pépinière d'entreprises et à l'agrandissement du centre social de 780 m² que doit accueillir le gratte-ciel de 180 mètres.

 

Selon une source proche du dossier, "la mairie de Paris a suggéré d'intégrer de nouvelles activités en plus des commerces de rez-de-chaussée, d'une crèche plus grande de 540 m² et d'un espace culturel accordé au dernier moment pour rallier le vote communiste."

 

Dans cette nouvelle configuration, Jean-Louis Missika, adjoint au maire chargé de l'urbanisme, a promis que la surface hors bureaux pourra dépasser cette fois-ci 20 %, soit un doublement de la mixité fonctionnelle. En effet, depuis décembre dernier, les équipes de l'adjoint à l'urbanisme cherchent à retrouver une coalition politique.

 

"J'ai écouté les observations de certains conseillers pour formuler des adaptations possibles du projet. Mi-décembre, nous nous sommes vu avec Unibail-Rodamco. Depuis ils vérifient si une nouvelle programmation est compatible avec leurs objectifs de rentabilité", a-t-il expliqué à l'AFP. Le promoteur devrait faire une nouvelle proposition à la mairie fin janvier, début février. L'administration de la Ville planchera alors sur la rédaction d'une nouvelle convention dans l'optique de refaire passer le projet au Conseil de Paris en avril ou mai prochain.

La superficie a légèrement évolué passant de 79.605 m² à 79.965 m²

"La programmation de la mairie de Paris est cohérente par rapport ce qu'a été indiqué par Anne Hidalgo à l'issue du Conseil de Paris en novembre dernier et confirme une information récente précisant qu'un permis de construire modificatif de la Tour Triangle a été déposé ces jours-ci par la direction de l'Urbanisme de la mairie de Paris et Unibail-Rodamco, signale à Batiactu une source proche du dossier. Ce nouveau permis de construire comprend notamment une augmentation de la superficie du centre de soins, d'une crèche… A noter également, que la superficie de la programmation a légèrement évolué passant de 79.605 m² à 79.965 m². D'ailleurs, l'Atrium imaginé par les concepteurs ne figure plus dans le document administratif, étant remplacé du fait par le mot hall."

3 voix à retourner au Conseil de Paris

Désormais, les partisans de la Tour Triangle connaissent leur marge de manoeuvre pour le prochain vote : 3 voix à retourner. D'ailleurs, le Collectif contre la Tour Triangle suit de très près la révision du programme et compte réagir au mois de mars. "L'exécutif municipal qui n'a pas tiré de leçons de son échec continue les négociations secrètes. Au final, on revient au projet initial pour avoir le feu vert des élus de l'UMP. Imposer cette tour, c'est encore privilégier les lobbys privés au détriment des Parisiens qui ne la veulent pas", explique-t-il. Et de nous confier : "Cette révision ne change en rien l'impact du bâtiment, il n'est pas à sa place et sa forme pyramidale reste en l'occurrence inchangée. Si la tour devait voir le jour, elle deviendra la Tour Hidalgo, la plus détestée des Parisiens."

 

Ce long feuilleton est donc loin d'être clos. Déjà ce jeudi 22 janvier dans la soirée, la Ville de Paris a émis des réserves sur le calendrier évoqué par Jean-Louis Missika, c'est-à-dire, avril prochain. La bataille continue...

 

Dernière minute : Un rebondissement judiciaire repousse le sort du programme immobilier
Le feuilleton juridique se poursuit ce vendredi 23 janvier : le tribunal administratif de Paris a décidé de transmettre au Conseil d'Etat la question prioritaire de constitutionnalité(QPC) du groupe UMP parisien portant sur le vote du Conseil de Paris sur la Tour Triangle, repoussant d'au moins quelques mois le sort de ce projet contesté.

 

 

Dans cette décision en date du 22 janvier, dont l'AFP a obtenu copie ce vendredi, le TA décide de transmettre cette QPC qui portait sur les modalité du scrutin secret qui avait eu lieu le lundi 17 novembre 2014. Ce scrutin, passablement chahuté, avait finalement rejeté ce projet de gratte-ciel de bureaux. Pour tenter de sauver le projet, un recours a été déposé notamment par le groupe PS (et le préfet de Paris ainsi que la société Tour Triangle) devant le tribunal administratif pour faire annuler le scrutin de novembre, lors duquel de nombreux votes normalement secrets avaient été rendus publics.

 

Selon l'entourage de Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), "le délai d'examen par le Conseil d'Etat prendrait 3 mois et si cela passe aussi par le Conseil constitutionnel, ce sont 3 mois supplémentaires. Et si la QPC n'est pas transmise, alors le sujet sera repris par le TA qui devra juger au fond".

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