Au même titre que la défense ou la santé, l'énergie est un enjeu stratégique pour l'Union européenne. La Commission de Bruxelles a donc présenté un plan visant à réduire la dépendance de l'Europe face aux importations massives de combustibles fossiles. Au programme : marché intégré, solidarité entre les Etats membres, efficacité énergétique et transition vers une société décarbonée grâce aux EnR.

L'Union européenne est le premier importateur d'énergie au monde : chaque année, elle dépense environ 400 milliards d'euros pour couvrir un peu plus de la moitié de ses besoins. Une situation qui place le Vieux continent dans une position de dépendance vis-à-vis de pays étrangers comme la Russie (pour le gaz) ou l'Arabie saoudite (pour le pétrole). Afin de réduire cette énorme facture, tout en développant des énergies locales et durables, la Commission européenne présente un plan d'actions. Son président, Jean-Claude Juncker, déclare : "Le secteur énergétique est resté trop longtemps à l'écart des libertés fondamentales de l'Union. A l'heure où de nombreux Européens craignent de manquer d'énergie pour se chauffer, on se rend compte à quel point l'enjeu est important. Il est temps que l'Europe agisse à l'unisson en poursuivant des visées à long terme. Je veux que l'énergie sur laquelle repose notre économie soit résiliente, fiable, sûre et de plus en plus renouvelable et durable".

Développer les échanges transfrontaliers

Dans la lignée de la Communauté du charbon et de l'acier, acte fondateur de l'Union européenne, les 28 pays membres vont donc s'engager dans un projet de grand marché unique de l'énergie. Miguel Aria Cañete, le commissaire européen pour l'action climat-énergie, renchérit : "Aujourd'hui, nous mettons le cap sur un marché de l'énergie connecté, intégré et sûr en Europe". Dans ce nouveau cadre stratégique, des mesures législatives visant à redessiner et réorganiser le marché de l'électricité ou à renforcer la transparence des contrats d'approvisionnement gaziers seront décidées. L'Union précise que six états, situés dans l'est du continent, dépendent encore à 100 % de la Russie (Bulgarie, Estonie, Finlande, Lettonie, Lituanie, Slovaquie). Bruxelles entend donc promouvoir la solidarité entre pays membres et prône la transparence dans les accords commerciaux pour l'achat d'énergie hors UE.

 

La Commission souhaite développer la libre circulation de l'énergie dans ses frontières, notamment grâce au développement des interconnexions. Sur ce point, l'Europe a encore beaucoup de pain sur la planche. Douze états n'atteindraient pas le seuil minimum de 10 % de capacité installée pouvant passer vers un état voisin, à savoir les différentes îles du continent (Chypre, Irlande, Malte ou Royaume-Uni) mais également de nombreux autres pays (Espagne, Portugal, Italie, Roumanie, Pologne, pays baltes). Une liste de 137 projets, dont 35 concernent l'interconnexion électrique, a donc été dressée afin de diminuer le nombre de pays ne répondant pas au critère et le ramener à seulement deux, d'ici à 2020. "Un réseau énergétique européen suffisamment interconnecté représenterait pour les consommateurs une économie pouvant atteindre 40 Mrds € par an", assure la Commission.

Soutien accru aux renouvelables

Le soutien financier en faveur de l'efficacité énergétique sera augmenté et cette notion sera traitée "comme une source d'énergie en soi, au même titre qu'une capacité de production". Selon les chiffres avancés par la Commission européenne, les trois-quarts du parc immobilier européen présenteraient de faibles performances énergétiques. De même, la "transition vers une société à faible niveau de carbone" sera accompagnée, y compris en éliminant progressivement les subventions préjudiciables à l'environnement. En parallèle, un nouveau train de mesures en faveur des renouvelables sera décidé, notamment afin d'encourager la R&D dans ce domaine. Bruxelles veut confirmer "la suprématie technologique de l'UE en développant la prochaine génération de technologies des EnR et en devenant leader dans le secteur de l'électromobilité". La Commission estime que le secteur européen des renouvelables génère un chiffre d'affaires de 129 Mrds € par an grâce à un effectif supérieur à 1 million de salariés. De quoi finalement parvenir aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de recours aux EnR d'ici à 2030. L'Union estime que plus de 1.000 Mrds € seront dépensés dans le secteur énergétique dans les cinq années qui viennent.

 

Bruxelles souhaite, dans le même temps, faire bénéficier tous les citoyens de meilleurs tarifs : "Les prix qu'ils paient devraient être abordables et compétitifs. L'énergie devrait être sûre, durable et davantage soumise à la concurrence, parallèlement à une diversification du choix offert à tous les consommateurs". L'UE note que les prix de gros de l'électricité restent 30 % supérieurs qu'aux Etats-Unis et que ceux du gaz sont deux fois plus élevés. Face au gaz de schiste polonais, les renouvelables européennes devront donc faire leur trou.

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