Un architecte espagnol a imaginé une ville nomade, conçue comme une gigantesque plateforme montée sur des chenilles. Baptisée "Very Large Structure", elle pourrait héberger 5.000 personnes, une centrale de production d'énergie, des usines et autres bâtiments de service. Un projet fou… mais réalisable ?

On l'imaginerait volontiers parcourir la surface d'une planète lointaine, comme les déserts de Tatooine de la saga des films "Star Wars".

 

Pourtant, la "Very Large Structure" (VLS) a bien été imaginée par Manuel Dominguez pour arpenter la planète Terre. L'architecte espagnol de 35 ans, diplômé de l'Ecole Technique Supérieure d'Architecture de Madrid, a conçu toute une ville itinérante, capable de se déplacer par ses propres moyens, d'un seul bloc. De quoi faire face aux bouleversements climatiques ou aux crises alimentaires qui forcent les populations à se déplacer.

 

La plus grande structure terrestre mouvante
Techniquement, la cité nomade envisagée se situe à mi-chemin entre la plateforme pétrolière et l'excavatrice minière géante. On a certes connu plus glamour comme comparaison. Mais les faits sont là : sa structure métallique de 519 mètres de long et de 110 mètres de haut (avec des superstructures culminant à 195 mètres), qui pèse environ 320.000 tonnes, est en effet montée sur un ensemble de pieds chenillés permettant à l'ensemble de se déplacer et de s'orienter. A titre de comparaison, la VLS éclipse les plus grands navires actuellement en service, supertankers, cargos porte-conteneurs, porte-avions nucléaires ou paquebots, qui mesurent au maximum 400 mètres de long. Quant aux plus gros véhicules terrestres, il est tentant de rapprocher la ville ambulante des machines d'exploitation des mines à ciel ouvert allemandes type Bagger. Mais ces dernières ne font "que" 240 mètres de long sur 96 mètres de large et pèsent moins de 15.000 tonnes. Leur déplacement s'effectue à 0,6 km/h donnant une bonne idée de ce que serait celle de la VLS.

 

Questions en suspens
Outre des espaces d'habitation pour 5.000 personnes, la structure mobile accueillera également une centrale énergétique, des espaces industriels, une université, des équipements sportifs et une piste d'atterrissage pour hélicoptères et… zeppelins. Une vision rétro-futuriste de la ville qui serait cependant parfaitement réalisable. D'après les calculs de son concepteur, la construction de la VLS prendrait 2 ans et permettrait, d'un point de vue environnemental, de reboiser l'espace urbain qu'elle propose de remplacer… Reste quelques questions, notamment sur la capacité des sols à supporter ce mastodonte, sur le coût de cette structure, sur les questions de franchissement de cours d'eaux ou de voies de circulation existantes, et l'épineux problème des lignes électriques, qui quadrillent les territoires humanisés… La VLS sera donc réservée aux grands espaces arides, imitant alors les mouvements saisonniers des peuples nomades des steppes.

 

Découvrez la Very Large Structure en images dans les pages suivantes.

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Dans les champs

VLS
VLS © Poliedroestudio - Manuel Dominguez
La Very Large Structure en pleine évolution dans un paysage champêtre. On visualise mieux la taille massive de la structure comparée à la lisière du bois ou à la route qu'elle s'apprête à franchir (écraser ?).

Tracé

VLS
VLS © Poliedroestudio - Manuel Dominguez
Le déplacement de la VLS laisserait-il un sillage de ruines et de désolation dans les plantations et espaces naturels traversés ? Non, semble dire son concepteur.

Nuit tombée

VLS
VLS © Poliedroestudio - Manuel Dominguez
Vue de nuit, la ville nomade (et autonome) ressemble encore davantage à un complexe pétrochimique avec ses cheminées et ses superstructures métalliques en encorbellement.

Axonométrie

VLS
VLS © Poliedroestudio - Manuel Dominguez
La VLS vue plus en détail : on distingue les immeubles d'habitation pour les 5.000 résidents, les espaces industriels et les équipements techniques comme les grues, indispensables pour hisser des matériaux ou des biens de consommation sur la plateforme perchée à 110 mètres du sol.

Comparaisons

VLS
VLS © Poliedroestudio - Manuel Dominguez
La silhouette de la VLS comparée à différents buildings, afin de mieux appréhender les dimensions du projet. La ville est également montrée au dessus de divers profils de bateaux géants (pétrolier super-tanker, porte-containers, paquebot, porte-avion nucléaire), démontrant sa raisonnable démesure. Contrairement à la construction de l'Etoile noire, celle de la VLS est à la portée de l'Homme.

Excavatrice géante

VLS
VLS © M. Röll - Wikimedia
Le plus grand véhicule automoteur du monde, l'une des excavatrices Bagger, actuellement utilisée dans une mine de lignite à ciel ouvert en Allemagne. Posée sur trois séries de quatre chenilles de 3,80 mètres de large, la machine se déplace à 10 mètres/minute et son rayon de braquage est de 100 mètres. Idéale pour les parkings. En février 2001, l'une de ces machines a été déplacée entre deux gisements distants de 16 km. Le voyage a nécessité le franchissement d'une autoroute, d'une voie de chemin de fer et d'une rivière... pour le coût modique de 7,7 M€.

Chenille de crawler

VLS
VLS © Wikimedia
Détail d'une des chenilles du crawler de la NASA qui transporte les fusées et navettes spatiales jusqu'à leur pas de tir. Une machine qui paraîtrait petite à côté de la VLS, avec seulement 2.700 tonnes. Les chenilles sont entraînées par des moteurs électriques eux-mêmes alimentés par des moteurs Diesel de 2.750 chevaux.