A Londres, une centrale électrique va utiliser les graisses et huiles alimentaires usagées pour fournir de l'électricité à la fois à une station d'épuration, à une usine de désalinisation d'eau et à des milliers de ménages. Une nouvelle façon de valoriser ces déchets qui ont d'ordinaire une fâcheuse tendance à boucher les canalisations.

A défaut d'être bon pour la santé, cuisiner gras serait peut-être finalement bénéfique pour… l'environnement. Voilà ce que doivent se dire les ingénieurs britanniques qui ont développé la centrale électrique de Beckton, dans l'Est de Londres. Car l'installation, qui aura coûté la bagatelle de 82 M€, fournira 130 GWh de courant par an grâce à des graisses et huiles alimentaires de récupération, à raison de 30 tonnes brûlées par jour ! Soit de quoi alimenter, en théorie, 39.400 foyers. Une initiative soutenue par la société Thames Water qui s'est engagée à acheter la moitié de cette production électrique (75 Gwh) afin de faire fonctionner son unité d'épuration qui traite les eaux usées d'environ 3,5 millions de personnes.

 

Eviter de boucher les canalisations
Une solution qui a l'avantage de valoriser des déchets alimentaires, collectés à la source auprès des restaurants, des entreprises agro-alimentaires et des magasins d'alimentation. Les graisses solidifiées en provenance d'abattoirs seront également récoltées tout comme les déchets gras qui sont piégés dans les égouts, permettant au passage d'éviter leur obstruction. Car les 109.000 km de canalisations nécessitent des interventions pour faire sauter 80.000 "bouchons", dont la moitié est causée par la solidification de corps gras à froid. Des opérations qui coûtent tout de même 1,2 M€ par an. D'où l'intérêt de récupérer toutes ces graisses alimentaires avant qu'elles ne soient jetées de façon inconsidérée.

 

La centrale électrique elle-même utilise un gros moteur thermique Diesel, du type de ceux qu'on retrouve dans les cargos, capable de brûler toutes sortes de carburants. Afin de parfaire encore le bilan énergétique, la chaleur résiduelle du moteur deux temps sera utilisée dans un système de réduction de pression de gaz d'une unité adjacente, permettant d'éteindre des brûleurs au gaz existants. Et une partie de la chaleur sera également employée dans un réseau qui la distribuera à des foyers alentours. L'efficacité énergétique dépasserait ainsi les 90 % grâce à un carburant recyclé. Une riche idée.

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