POLÉMIQUE. Un chercheur italien du CNRS, spécialiste des questions structurelles dans les monuments historiques, avait étudié, en 2016, les dangers planant sur la charpente de la cathédrale. Un rapport trop sensible, classé "confidentiel défense" en raison du risque d'attentat, dont personne n'a tenu compte.

L'universitaire Paolo Vannucci, spécialiste de l'ingénierie mécanique dans un laboratoire du CNRS de l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines est un prophète qui n'a pas été entendu. A la suite des attentats de novembre 2015, il avait été chargé de rédiger un rapport sur la sécurité de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en raison de sa valeur symbolique, religieuse et patrimoniale, qui en faisait une cible privilégiée par les terroristes. Un document publié en 2016 et immédiatement classé "confidentiel défense" par les services ministériels de l'époque. Dans un entretien au journal Marianne, le chercheur explique : "Le gouvernement Valls a estimé que rien ne devait filtrer des résultats de notre recherche, considérée comme sensible compte tenu des données que nous avions insérées dans ce rapport et aussi, des risques d'inspiration que nous avions également évoqués".

 

 

"Concentration de poussière, stratifiée au cours des siècles"

 

Un peu plus loin, Paolo Vannucci relate : "Le risque d'embrasement de la toiture existait et il fallait absolument la protéger et installer un système d'extinction". Le spécialiste indique que, comme il n'existait aucun système électrique dans la toiture, aucune protection n'était prévue. Dans le cadre des travaux de réfection, une installation provisoire avait été réalisée, suivant les règles de sécurité en vigueur selon l'entreprise en charge. Toujours selon l'expert du CNRS, un seul point d'eau existait à proximité de la charpente (entre les deux tours) et même la foudre représentait un risque pour l'édifice, nécessitant le déploiement d'un système de prévention plus conséquent. Dans le document classé de 2016, il notait : "la concentration de poussière, stratifiée au cours des siècles, peut avoir un effet explosif. Effet pouvant être activé par un court-circuit ou simplement par des fils électriques des systèmes d'alarme de l'échafaudage utilisé pour les travaux de rénovation". Le chercheur italien déplore que ses mises en garde n'aient pas été entendues, ni au ministère de la Culture, ni à la mairie de Paris. Et il souhaiterait désormais se consacrer à nouveau à l'étude scientifique de la structure de Notre-Dame, cette fois pour étudier l'impact du vent sur une cathédrale fragilisée…

 

 

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