Inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, l'hôtel de Mercy-Argenteau, situé au 16 boulevard Montmartre à Paris, est en train de subir une profonde restructuration. Objet d'un travail méticuleux de restauration, transformation et démolitions partielles, ce chantier, débuté en 2009, accueillera prochainement des bureaux, des commerces et des logements. Visite d'étape.

Au 16 boulevard Montmartre à Paris, entre le Hard Rock Café et la chaîne de restauration l'Indiana, une façade sur rue en pierre rénovée vient d'être dévoilée après un peu plus d'un an de travaux.

 

Mais là n'est pas le seul événement puisqu'à cette adresse, se dresse l'hôtel particulier de Mercy-Argenteau, qui subit actuellement un total relooking. Avec l'appui de Joachim Ganuchaud, architecte du patrimoine de l'agence DTACC, et du maître d'ouvrage Gecina, l'intérieur est restauré pour accueillir d'ici à quelques mois des locaux commerciaux au rez-de-chaussée, des espaces de réception au 1er étage, des bureaux et 22 logements dont 6 sociaux.

 

C'est donc des travaux d'envergure, qui ont démarré en 2009, avec des démolitions partielles de planchers, escaliers, murs porteurs, partie de façade et toiture sur cour. D'autant plus qu'il fallait faire attention car l'immeuble est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques et qu'il est également protégé par la ville de Paris au titre du PLU. «Nous avons dû également tenir compte des exigences de la commission du Vieux Paris», explique Gregory Lagache, directeur de travaux chez Spie SCGPM. Parmi les exigences, on trouve la conservation des puits de lumière pour optimiser un éclairage naturel des coursives de distribution et la préservation des deux oriels situés sur cour.

 

La conservation des éléments bois
La DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) a également rajouté une revendication concernant les planchers de bois. Ceux-ci devaient être conservés et restaurés dans les règles de l'art : «Des contraintes qui vont dans le bons sens», souligne Gregory Lagache. Ainsi, chaque pièce de bois a eu un traitement particulier : certaines ont connu un curage et une rénovation, d'autres ont été renforcées par des soutiens métalliques, des coffrages ont été réalisés et des connexions bois/béton et métal/béton ont été mises en place. Enfin, certains éléments qui étaient complètement «morts» ont été remplacés par des poutres en lamellé-collé, bien souvent connectées à une dalle béton. Du côté des murs et des cloisons en pans de bois, ils ont été vidés de leur remplissage. Résultat : 60 à 70% d'entre eux ont été renforcés par moisage, en utilisant de la résine ou des plats métalliques et 20% des bois ont été changés.

 

Salle des fêtes, une restauration à l'identique
Si les espaces de logements et de bureaux ont été choyés, la préservation des décors de la salle des fêtes et des salons de réception n'est pas en reste. Pour les salons du 18ème, les restaurateurs ont mené une analyse stratigraphique et sont allés jusqu'à identifier 11 couches de repeints par endroits. Pour chaque espace, la filiale spécialisée du groupe Spie Batignolle, Trouvé Leclaire, a proposé des échantillons de couleur. Ainsi, la salle des fêtes devrait retrouver son état d'origine : moulures et bas relief en staff, frises décoratives, faux marbre, feuille d'or. Quant au plafond vitré, il sera reconstitué, tout comme le parquet massif qui devrait bénéficier d'une pose dans le respect du calepinage d'origine. Reste encore quelques mois de chantier avant de découvrir le renouveau de ce site qui appartient, pour sûr, au patrimoine parisien.

 

Un peu d'histoire…
L'immeuble, également connu sous le patronyme d'hôtel Mercy-Argenteau, est un des premiers bâtiments construits sur le boulevard Montmartre à la fin du 18ème siècle. Réalisé dans un premier temps par Firmin Perlin en 1178 pour un banquier, le bâtiment fut vendu au comte Mercy-Argenteau, ambassadeur d'Autriche. De 1827 à 1829, il change d'apparence grâce à une surélévation de trois étages et la construction de deux ailes sur cour. En 1890, il se dote d'une salle des fêtes attribuée à Charles Garnier et inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. De même pour un des salons du premier étage décoré de colonnes corinthiennes.

 

Fiche technique
Maître d'ouvrage : Gecina
Maître d'œuvre : Joachim Ganuchaud, architecte du patrimoine de l'agence DTACC
Conservateur régional des monuments historiques : Serge Pitiot
Début du chantier : octobre 2009
Livraison : 2012
Coût de l'opération : 18 millions d'euros

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Façade avant

Façade
Façade © Stephane Levy
Un vaste chantier est actuellement en cours au 16 boulevard Montmartre à Paris. Au programme : restauration, transformation et démolitions partielles.

Façade après

Façade après
Façade après © Spie SCGPM
La façade en pierre côté rue a été entièrement retaillée sur une épaisseur de 5 mm là où la pierre était suffisamment saine.

Chantier

Plafond avant
Plafond avant
Parmi les exigences du chantier, on trouve la conservation des différents éléments bois mais également des verrières.

Plafond après

Plafond après
Plafond après © Céline Galoffre
Pour préserver les plafonds en bois, le chantier a eu recours à plusieurs techniques dont des connexions bois/métal et métal/béton.

Poutres avant

Mur
Mur © Stephane Levy
Les éléments en bois ont été conservés.

Poutres après

Mur
Mur © Stephane Levy
Ci-dessous, exemple de renfort.

Toiture en travaux mai 2010

Toit
Toit © Stephane Levy

Toitures à l'impérial

Toitures à l'impérial
Toitures à l'impérial © Stephane Levy
La restauration des toitures a mobilisé pendant un an une équipe de charpentiers et de couvreurs spécialisés.

Intérieur

Vue intérieure
Vue intérieure © Céline Galoffre
Exemple de logement.

Escalier

Esalier
Esalier

Salle des fêtes : Avril 2010

Salle des fêtes
Salle des fêtes © Stephane Levy
La salle des fêtes sera rénovée du sol au plafond. Elle devrait retrouver son état d'origine.