Alors que l'activité ne devrait pas repartir avant 2011 dans le BTP, Patrick Bernasconi, président de la FNTP, a indiqué que le secteur des travaux publics pourrait perdre d'ici là quelque 60.000 emplois. Il demande à l'Etat de définir clairement les réalisations et financements des grands travaux.

Le secteur des travaux publics, durement affecté par la crise, pourrait perdre 60.000 emplois en deux ans, a indiqué à l'AFP le président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), Patrick Bernasconi. «Si la situation économique actuelle perdure, ce seront 30.000 emplois par an, soit 60.000 en 2010 et 2011, qui disparaîtront car les entreprises ne peuvent pas continuer à pratiquer des baisses de prix considérables pour décrocher des contrats, ce qui est une politique suicidaire à long terme», a-t-il indiqué.

 

En effet, le retour de la croissance dans ce secteur n'est pas attendu avant 2011, selon une étude du cabinet Xerfi. L'année 2009 s'est achevée sur un recul d'activité de 10%, et les prévisions pour 2010 font état de -2%. Il en a résulté la perte de 4.000 salariés et 9.000 intérimaires. L'une des raisons apportées par Xerfi pour expliquer ce phénomène, est le frein des collectivités locales à l'investissement, car elles ont «actuellement très peu de visibilité au niveau de leurs ressources financières en raison de la réforme de la taxe professionnelle. Elles maîtriseront ainsi au plus près l'évolution de leurs dépenses en 2010 (qui baisseront légèrement) et retarderont en partie leurs projets»,. Pour parer cette frilosité, la FNTP demande notamment que le délai de remboursement de la TVA, déjà ramené de deux ans à un an, passe désormais à trois mois.

 

Pour un calendrier des financements
Patrick Bernasconi affirme avoir alerté les ministres de l'Economie, de l'Environnement et le secrétaire d'Etat aux Transports sur la situation du secteur. Le président de la FNTP, qui avait pourtant accueilli le plan de relance et le Grenelle de l'Environnement avec espoir l'année dernière, réclame désormais «la définition d'un calendrier précis des réalisations et du financement des grands travaux décidés lors du Grenelle. Car si les pouvoirs publics veulent faire moins, qu'ils nous le disent pour qu'on s'adapte».

 

Patrick Bernasconi regrette également que l'écotaxe sur les poids lourds ait été repoussée à la fin 2012 par le ministère de l'Ecologie. Elle aurait du rapporter 1,2 milliard d'euro par an et sera finalement mise en service avec au moins une année de retard. «On sait que sur les 14 milliards d'euros prévus d'ici à 2014 pour réaliser les projets d'infrastructure du Grenelle de l'Environnement et les contrats de Plan Etat-région, il manque entre 5,2 et 7 milliards d'euros selon que l'écotaxe entre ou non en application d'ici là», déplore-t-il, citant également les grands projets d'infrastructure pour lesquels des plans de financement restent encore à trouver : la liaison ferroviaire entre Le Mans et Rennes ou également le canal Seine-Nord.

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