La préfecture de Paris a publié son rapport sur l'amiante dans la tour Montparnasse : les travaux de désamiantage seraient à l'origine de la pollution dans le système de ventilation. Le dispositif, mis en place par les copropriétaires, présenterait un certain nombre de lacunes. Si les 200 agents du Conseil régional d'Île-de-France ont été évacués pour risque sanitaire, l'EITMM clame qu'il n'y a aucun danger, les travaux étant stoppés.

"Les causes probables de pollution récentes trouvent leur origine dans la conception et l'organisation des travaux de désamiantage". Tel est le message principal du rapport définitif remis ce 29 janvier 2014 par l'expert, André Jacq, mandaté pour identifier l'origine des pics d'amiante constatés en 2013 dans la tour Montparnasse.

 

Des lacunes dans la conduite des travaux
Le document confirme l'hypothèse émise, dès le 13 août dernier dans un arrêté préfectoral, qui identifiait les gaines de ventilation comme "source de diffusion de la pollution dans les bâtiments" de l'ensemble immobilier de la tour Maine-Montparnasse (EITMM). Rappelons que le plus haut immeuble de Paris est en cours de désamiantage depuis 2005, et que des incidents s'étaient produits au mois de juin 2013, avec des mesures d'empoussièrement qui dépassaient le seuil réglementaire de 5 fibres/litre d'air. Deux sociétés installées dans la tour (Amundi et CNP Assurances), avaient alors décidé l'évacuation préventive de leurs employés, dont certains n'ont jamais réintégré le site. Dans l'attente de l'expertise maintenant rendue publique, les travaux en cours avaient finalement été suspendus au mois d'octobre suivant.

 

L'Etat demande aujourd'hui aux copropriétaires de mettre en œuvre rapidement les conclusions de l'expert en créant une cellule dédiée au management du risque amiante, indépendante du syndic, afin de piloter la fin du chantier. La structure devra assurer le suivi, la mise en œuvre et le bon déroulement des travaux dans le respect des normes établies et développera une capacité d'analyse et la réactivité nécessaire, afin d'éviter la répétition des incidents et d'empêcher de nouvelles dispersions à l'égard des salariés et du public. La cellule de gestion devra s'attacher les services d'un expert indépendant qui apportera sa compétence technique, tandis qu'un comité de pilotage regroupera des représentants des 300 copropriétaires et des conseils syndicaux. L'Etat demande qu'un programme prévisionnel rigoureux soit présenté sous un mois et réclame la mise à jour du dossier technique avant le 13 février 2014. Cette clarification permettra d'obtenir un état complet et précis des parties du site comportant encore de l'amiante, un diagnostic de l'état de ce matériau, "afin de définir précisément la suite des travaux de désamiantage à entreprendre". Les travaux ne reprendront donc pas avant que toutes ces conditions ne soient réunies : l'Etat publiera un arrêté d'ici à deux mois, prescrivant le cadre de cette reprise.

 

Danger sanitaire ?
Le rapport d'expert, qui pointe des lacunes, rappelle que l'obligation de réalisation de mesures régulières d'empoussièrement pour l'ensemble des bâtiments de l'ensemble immobilier par un laboratoire accrédité est maintenue, et qu'en cas d'atteinte ou de dépassement des seuils, les locaux concernés seront évacués. N'attendant pas d'autres mesures ni expertises, le Conseil régional d'Île-de-France a choisi de faire quitter "dès ce jour" la tour Montparnasse à l'ensemble de ses 200 agents qui y travaillent, considérant qu'il existait un risque sanitaire et que le principe de précaution devait s'exercer. Rappelons que 5.000 personnes fréquentent quotidiennement l'immeuble de bureaux. La région aurait interpellé le propriétaire à plusieurs reprises sur les risques potentiels et étudierait "toutes les voies de recours".

 

De son côté, l'assemblée de copropriété assure "qu'il n'y a actuellement pas de risque sanitaire dans l'ensemble immobilier tour Maine-Montparnasse où tous les travaux de désamiantage sont arrêtés". Les copropriétaires, qui s'appuient également sur le rapport d'expertise d'André Jacq, rappellent qu'un millier de mesures d'air ont été effectuées depuis le mois de juillet 2013 sans qu'un dépassement des normes admises soit constaté. "Quant au déménagement des services de la région Île-de-France, il avait été décidé depuis plusieurs mois. Aucun élément nouveau n'est aujourd'hui en cause", ajoutent-ils. Le déménagement des agents de la région avait été décidé au mois de novembre dernier, et devait intervenir, au plus tard, au mois de juin 2014.

 

Le chantier de retrait de l'amiante de la tour de bureaux, en site occupé, a été estimé à 250 M€, intégralement pris en charge par les différents copropriétaires. Il devait initialement s'achever en 2017.

actionclactionfp