Aucun gagnant ne recevra une maison contre un ticket de 50 euros. Face aux menaces de poursuites, la tombola organisée par un couple d'ardéchois, a été suspendue. Reste à savoir si cet évènement sera un fait isolé ou s'il marque les prémisses d'une nouvelle tendance…

Envolé, le rêve de la maison à 50 euros. Les quelque huit mille participants qui s'étaient précipités sur une tombola qu'ils considéraient comme une aubaine ont été stoppés net par la chambre des notaires d'Ile-de-France, qui a déclaré la pratique illégale. Une déclaration qui a également anéanti l'espoir, pour le couple d'ardéchois à l'origine de cette loterie atypique, d'écouler rapidement leur bien. Car, derrière l'annonce aguichante du site www.gagnernotremaison.com, ces deux parents souhaitaient en fait déménager au plus vite, pour se rapprocher du centre de soins de leur fils hospitalisé.

 

Jusqu'à deux ans de prison
Face à l'engouement provoqué par la loterie, la chambre des notaires a rappelé une loi du 21 mai 1836, modifiée en 1924. Il y est stipulé que l'organisation d'une tombola pour la vente d'une maison est strictement interdite en France. Seul l'Etat a le droit d'organiser un tel jeu et, par dérogation, les oeuvres de bienfaisance ou les associations. Mais, dans ce dernier cas, le montant des gains est alors limités. Pour les potentiels réfractaires, des sanctions pénales sont prévues, pouvant aller jusqu'à deux ans d'emprisonnement

 

Une pratique marginale
Face à ce constat, le couple a décidé d'annuler la mise : «Je ne veux pas que mon mari parte en prison [...] Donc, à ce jour, on arrête tout», explique la mère sur sa messagerie de téléphone. Et d'ajouter «qu'aucun chèque ne sera encaissé. Il faut juste nous laisser le temps» de gérer leur renvoi. Mais celle qui n'a pu obtenir le solde du crédit de sa maison, ni par son assurance, ni grâce à la loterie qu'elle doit finalement annuler, garde un goût amer de cette expérience : «Je remercie tous les gens qui nous ont soutenus. Mais en France, malheureusement, c'est comme ça. On laisse les gens dans la merde».

 

Cette idée a au moins eu le mérite de susciter l'interrogation sur l'interdiction d'une telle pratique dans l'Hexagone. D'autant que le phénomène est devenu monnaie courante dans certains pays comme les Etats-Unis ou l'Espagne, à l'image du madrilène qui a eu l'idée de vendre 64.000 coupons de 5 euros pour céder son logement ou, plus récemment, d'une agence espagnole qui a monté sa propre loterie pour écouler certains de ses biens.

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