Après sept années de crise, le secteur de la construction connaîtra à nouveau un recul de son activité de -1,6 % en 2015, confirme la dernière étude Euler Hermes. Toutefois, le secteur de la construction connaîtra à nouveau un recul de son activité de - 1,6 % en 2015. Toutefois, "le point bas semble atteint", précise-t-il.

Après sept années de crise, le secteur de la construction connaîtra à nouveau un recul de son activité de - 1,6 % en 2015, soit un total cumulé de -20,4% depuis 2008, affirme ce mardi 13 octobre, Euler Hermes, spécialiste mondial de l'assurance-crédit à travers sa dernière étude intitulée "Secteur de la construction, quelle reprise ?".

 

"Dans un contexte de crise soutenue, la confiance revient doucement dans le secteur de la construction, depuis son point bas atteint en 2014, annonçant une reprise potentielle de l'activité de + 0,7 % en 2016, nous signale Didier Moizo, conseiller sectoriel, spécialiste du BTP chez l'assureur-crédit. On observe effectivement que le secteur de la construction s'apprêterait à valoriser son important potentiel de croissance en termes de construction de logements et de chantiers stratégiques d'infrastructures qui se matérialise par des opérations, par exemple, parisiennes, de plus en plus complexes et innovantes."

Reprise des mises en chantier en vue

Parmi les signaux de reprise clairement identifiés, Didier Moizo souligne que "les mises en chantier continuent de décliner en 2015, soit, -2,8% à fin août 2015 par rapport à décembre 2014." Dans le même temps les demandes de permis de construire autorisées se sont contractées de -2,6% à fin août 2015 contre -11% 2014 à la même période pour l'ensemble de l'année 2014. "Cette inflexion est due à une stabilisation à hauteur de 347.000 des permis de construire depuis avril 2015 qui laisse présager une reprise des mises en chantier courant 2016", détaille le responsable.

 

Par ailleurs, les logements redeviennent un peu plus accessibles, affirme l'étude. "Le rapport entre les prix des maisons et le revenu moyen des ménages (6,7 en 2014) revient à sa valeur de longue période (6,4). Cette tendance qui se confirme en 2015 devrait perdurer au cours de l'année 2016 et bénéficier à la construction de logements", commente à son tour Anthony Tripard, responsable des risques pour le secteur du BTP chez Euler Hermes.

Vers un dégonflement des "prix en sifflet" ?

Avant de signaler : "Alors que les prix des maisons ont été volatiles entre 2005 et 2011, ils ont baissé régulièrement à partir de 2012. Le scénario d'éclatement brutal de la bulle immobilière laisse la place à un dégonflement des prix en sifflet."

 

Pour l'assureur crédit, l'amélioration du pouvoir d'achat profitera notamment au segment des travaux d'entretien et d'amélioration dont les opérations représentent des montants unitaires moins importants.

 

"Ce marché bénéficiera des besoins de rénovation du parc de logements vacants (7%) nécessitant des travaux de rénovation avant leur remise sur le marché et de la mise aux nouvelles normes environnementales des logements actuels (75% du parc), qui équivaut à 0,8 point de PIB", détaille Anthony Tripard.

Potentiel retournement pour la construction non résidentielle

Autre éclaircie observée : la construction non résidentielle semble également sortir d'une phase de cycle baissier depuis mars 2015 (-16% en rythme annuel par rapport à mars 2014, fin juillet 2015 par rapport au rythme annuel constaté au même mois de l'année précédente. "L'indice de l'activité progresse depuis plusieurs mois reprenant +0,5% à fin juillet 2015, mais il aura perdu 11% de sa valeur depuis janvier 2005, indique la note. La chute est encore plus vertigineuse depuis février 2012 : - 24%. La construction non résidentielle affiche un potentiel retournement après trois ans de baisse et une activité au plus bas niveau des dix dernières années."

Aucun signe de reprise dans les TP

A noter que cette reprise ne concernera pas encore le secteur des Travaux Publics en baisse d'activité de - 0,5 % en 2016.

 

Au final, "le secteur de la construction à l'exception des TP franchit bien un point bas en 2015, nous signale Didier Moizo. Un point bas qui sera marqué par certains ajustements et une contraction de l'emploi en 2015 et 2016." Pour l'emploi, l'assureur crédit est formel : "La construction continue de détruire des emplois, le taux de création net d'emplois à fin juin 2015 sur 12 mois par rapport à la période précédente est de -3,4 %." D'après lui, la reprise d'activité ne fera que limiter les pertes nettes d'emploi. "Cela représente, effectivement 79.000 emplois potentiellement menacés, en cumulés en 2015 et 2016, soit 44.000 en 2015 et 35.000 en 2016", nous confirme Didier Moizo.

 


S'agissant des défaillances, elles affecteront 30.000 entreprises du secteur en cumul sur 2015 et 2016, ce qui représente un nombre conséquent - près d'un quart des défaillances au total en France- tenant en partie au tissu de ce secteur composé d'un grand nombre de TPE. De son côté, l'étude Altarès publiée ce matin est plus optimiste. "La situation s'éclaircit surtout dans le second œuvre, mais reste tendue en maçonnerie générale et construction de maisons individuelles. La tendance du bâtiment tire la moyenne de l'ensemble des activités, le secteur comptabilisant à lui seul le quart des défaillances", souligne-t-elle. Pour rappel : le bâtiment avait connu un mauvais 3ème trimestre 2014 avec plus de 3.200 cessations de paiement comme sur la même période 2009. "Cet été signe donc une correction sensible (-8%) ramenant la volumétrie des dépôts de bilan juste sous la barre des 3.000, un niveau comparable à celui de l'été 2012", note Thierry Million, directeur des études Altarès.

 

 

Au final, la sortie de crise de la construction restera fragile et fortement corrélée à certaines faiblesses structurelles. "Elle fera peser un risque à de nombreuses entreprises dépendantes à 60 % de financements à court terme notamment chez les TPE", conclut Euler Hermes. De plus, la préservation des niveaux de marge, en dépit d'une forte pression concurrentielle, et la sécurisation du poste clients (dont le poids représente 31 % du total bilan dans la construction) seront des enjeux majeurs au redressement pérenne du secteur, détaille l'assureur crédit.

 

 

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