Des pelleteuses qui arrachent des plafonds, laissant apparaître une éblouissante verrière, des sols artificiels grattés qui dévoilent des mosaïques, le Rijksmuseum d'Amsterdam, l'un des plus célèbres musées du monde, ouvre au public son chantier de rénovation.

La visite hebdomadaire guidée, baptisée "Hard Hat Tour", se fait casque de chantier (hard hat) sur la tête, chaussures renforcées aux pieds, et veste jaune fluorescente sur les épaules. "Nous sommes vraiment sur un chantier et il faut prendre des précautions", résume un des responsables en tendant la liste des règles de sécurité.

Une fois équipé, le visiteur pénètre dans le bâtiment principal du Rijksmuseum, au milieu des pelleteuses, des ouvriers et des gravats. Son attention est vite attirée par les magnifiques volumes qui apparaissent une fois les cloisons tombées, par les mosaïques et les fresques qui se dévoilent sous les faux planchers, et les cloisons rajoutées dans les années 1950.

"L'idée est de permettre aux visiteurs de voir de leurs propres yeux comment on mène la rénovation d'un bâtiment du XIXe siècle", explique Boris de Munnick, porte-parole du Rijksmuseum. A l'exception du Musée d'art moderne de New York (MoMA), aucun autre musée de cette envergure n'a laissé le public entrer dans les mystères d'une rénovation.

Erigé à la fin du XIXe siècle par l'architecte néerlandais Pierre Cuypers, le Rijksmuseum renferme notamment une collection de tableaux du Siècle d'Or néerlandais (17ème), qui ont attiré plus d'un million de visiteurs en 2003, cinq fois plus que lors de son ouverture en 1885. Une popularité croissante qui a rendu une rénovation incontournable.
Depuis décembre 2003, le bâtiment principal du "Musée du Royaume" est donc en chantier, sous la direction des architectes espagnols Antonio Ortiz et Antonio Cruz. Ils veulent restaurer la lumière et la clarté de l'architecture originelle de Cuypers. "Le musée était devenu un véritable labyrinthe alors qu'il était à l'origine une structure très claire et lumineuse", remarque Rolf Berends, guide du Hard Hat Tour.

Au fil des ans, pour accueillir de nouveaux tableaux, le musée avait dû improviser. Les deux cours intérieures imaginées par Cuypers avaient été ainsi fermées et transformés en salle d'exposition. Ces cours sont aujourd'hui rouvertes, les plafonds sont arrachés petit à petit et la lumière du soleil atteint le rez-de-chaussée. Les fresques originelles de Cuypers ornant les murs sont soit rénovées soit de nouveau apposées.

La visite guidée passe également par une charmante bibliothèque, salle rectangulaire tapissée d'armoires à livres sur trois étages reliés par des escaliers en colimaçon en métal sculpté. En 2008, une fois la rénovation terminée, cette bibliothèque sera pour la première fois accessible au public.

L'entrée du musée se fera au sous-sol, sur le modèle du Louvre à Paris. Les vélos, piétons et musiciens continueront de passer et chanter dans une galerie passant sous les salles du musée. En attendant, les amateurs de peinture peuvent toujours admirer les toiles les plus connues, notamment la «Ronde de nuit de Rembrandt» ou les chef d'oeuvre de Vermeer dans une autre aile du musée... ou, jusqu'en juillet, assister à la renaissance du Rijksmuseum d'antan sortant de sa chrysalide de cloisons, de faux plafonds et d'échafaudages.

Hard Hat Tour, Rijksmuseum, jusqu'en juillet 2005, 12,50 ?, tous les vendredi de 11H00 à 13H00, réservation possible au 00.31.20.674.71.91 ou au guichet.

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