POLITIQUE. L'organisme s'étonne des dernières annonces du gouvernement concernant l'aide publique de rénovation MaPrimeRénov'. Et en appelle à massifier les rénovations d'ampleur.

"Plus de clarté" de la part du gouvernement, c'est ce que demande le Conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa). Le "changement de cap annoncé" par l'exécutif sur le dispositif d'aide MaPrimeRénov' a fait réagir l'organisation encadrant la profession d'architecte. Dans un communiqué diffusé le 28 février 2024, l'Ordre rappelle que le gouvernement de Gabriel Attal réfléchit à "redonner la priorité aux mono-gestes dans les aides à la rénovation".

 

Quelques jours plus tôt, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, avait en effet confirmé sur France 2 l'abandon de l'objectif de réalisation de 200.000 rénovations d'ampleur en 2024, arguant que les conditions n'étaient pas réunies pour l'atteindre. Cela intervient après que deux organisations professionnelles représentant le secteur du bâtiment aient été reçues au ministère, le 15 février 2024, pour discuter de la simplification du dispositif.

 

Des "résultats discutables"

 

Le Cnoa dit "s'étonner" de cette "position de court terme qui engage une dépense publique importante aux résultats discutables et qui n'apporte pas l'efficacité énergétique souhaitée". Pour lui, l'abandon de cet objectif de rénovations multi-gestes "signerait la fin du recours obligatoire à l'Accompagnateur Rénov' (Mar) pour toutes les catégories de ménages". "L'accompagnement par un tiers de confiance est nécessaire pour s'assurer de la qualité des travaux et recentrer sur la garantie de performance de l'enveloppe du bâtiment."

 

L'Accompagnateur Rénov' a pour rôle d'accompagner les ménages durant leur parcours de rénovation. Les architectes peuvent notamment endosser cette responsabilité en déposant une demande d'agrément auprès de l'Agence nationale de l'habitat (Anah), sans exigence de formation. De nouvelles mesures, bientôt annoncées, pourraient venir limiter le recours à ce professionnel, obligatoire depuis le 1er janvier 2024 dans le cas de travaux incluant au moins deux gestes d'isolation et le traitement de la ventilation ("rénovation d'ampleur"). Dès mars prochain, l'obligation ne concernerait plus que les travaux effectués au sein des logements des ménages modestes et très modestes, qui bénéficient d'un montant d'aides plus élevé.

 

 

L'Ordre affirme que de nombreux acteurs se préparaient [à ce rôle d'accompagnateur et à cette stratégie nationale d'orienter les aides publiques vers des rénovations globales] "depuis des mois". "Toutes les études montrent l'importance de cette stratégie". Favoriser le financement des rénovations "monogestes" pourrait alors "compromettre l'objectif de neutralité carbone fixé au secteur du bâtiment par le gouvernement à l'horizon 2050", prévient le Cnoa, qui appelle à massifier le nombre de rénovations performantes.

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