Si la dégradation des comportements de paiement reste forte, le secteur du bâtiment s'en sort mieux que les autres, avec un retard moyen qui se stabilise et passe sous la barre des 10 jours, loin de la moyenne française qui évaluée à 13.6 jours. Détails avec l'étude Altarès publiée ce mardi 15 septembre.

Les comportements de paiement interentreprises se durcissent encore en France. Sous les 12 jours en début d'année 2014, le retard moyen de règlement des fournisseurs augmente d'une demi-journée chaque trimestre depuis un an pour atteindre désormais 13,6 jours, sa pire valeur depuis dix ans. Seulement 36,5% des entreprises françaises payent toutes leurs factures à l'heure. De plus, 8% décalent le règlement de plus de 30 jours ; elles étaient 6,2% un an plus tôt et même sous les 6% auparavant, notamment en période de crise. Voilà les conclusions de la dernière étude Altarès sur les comportements de paiement des entreprises en France et en Europe au 2e trimestre 2015.

 

En détail, l'administration de l'Etat reste le mauvais élève (16 jours en moyenne), mais les collectivités territoriales (9.8 j) font mieux que le secteur privé (14.8 j pour les sociétés de plus de 500 salariés).

L'immobilier à la traîne

Par secteur d'activité, les entreprises dont les activités sont à destination du consommateur (B2C) accusent des retards plus sensibles que dans le B2B. Et parmi ceux qui tirent leur épingle du jeu, le bâtiment affiche un retard moyen sous la barre des 10 jours, à 9.8 jours, la valeur la plus basse de l'ensemble des activités. En outre, seulement 5.3% des entrepreneurs reportent leurs paiement de plus de 30 jours, un taux, là encore plutôt faible, constate Altarès. En revanche, l'immobilier conserve des retards importants au-delà de 20 jours en moyenne (20.7) et plus de 16% de reports supérieurs à 30 jours.

 

"Cette recrudescence des longs retards est significatif d'un défaut de trésorerie. Altares observe en effet sur un cycle long, que lorsqu'un client décale ses paiements de plus de trente jours cela multiplie par six le risque qu'il dépose le bilan dans les mois qui suivent. Les commandes reviennent donc, mais par manque de cash, certaines entreprises, notamment les TPE, pourraient ne pas avoir les moyens de les honorer", analyse Thierry Millon, directeur des études chez Altarès. Avant de conclure : "L'allongement des délais de paiement semble d'autre nature depuis quelques mois. Il demeure souvent la seule alternative retenue pour améliorer son Besoin en Fonds de Roulement (BFR). Le fournisseur est actuellement fortement sollicité par un allongement des délais de règlements alors que les stocks ne débordent pas et le poste client s'accroît modérément. Qu'adviendra-t-il dans un schéma de reprise plus rapide, un contexte énergétique moins favorable et un environnement financier moins accommodant ? Les BFR pourraient avoir de sérieux motifs de s'alourdir dans les mois à venir".

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