Les travaux de déblaiement de Ground Zero s'achèvent officiellement jeudi, il va falloir maintenant attendre des mois pour décider ce qui sera construit à la place du World Trade Center.

Si les fondations d'un immeuble adjacent ont commencé à être creusées début mai, la complexité du processus de décision, la multiplicité des acteurs et la sensibilité du sujet font que le projet de remplacement des tours jumelles ne pourra être finalisé, au plus tôt, avant la fin de 2002.

Le statut même des lieux est un casse-tête juridique et politique: le terrain appartient à l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey (Port Authority, PA), qui avait fait construire en 1973 les deux bâtiments de 110 étages.

Elle avait loué en juillet 2001 les tours pour 99 ans à un promoteur new-yorkais, Larry Silverstein, qui continue à verser des loyers, va toucher les primes d'assurances et a son mot à dire sur ce qui sera édifié.

Le gouverneur de l'Etat de New York, George Pataki, qui a la haute main sur la Port Authority, a formé un organisme chargé de superviser la reconstruction, baptisé Lower Manhattan Development Corporation (LMDC).

Mais il est évident que le maire de New York Michael Bloomberg, les associations de résidents et surtout les familles des 2.823 victimes des attaques du 11 septembre auront également voix au chapitre.

Pour tenter de concilier les souhaits et impératifs souvent discordants de ces intervenants, la LMDC a imaginé un processus de décision étalé sur sept mois et accompagné d'intenses consultations.

Elle a choisi le 23 mai le cabinet d'architecture et d'urbanisme chargé de remettre, avant la fin du mois de juin, six propositions différentes pour l'ensemble.

La firme Beyer, Blinder et Belle est connue à New York pour avoir supervisé des projets prestigieux comme la réfection de la gare de Grand Central, le Musée national de l'Immigration à Ellis Island ou la rénovation du Rockefeller Center.

Les six options seront discutées tout l'été, notamment au cours de plusieurs réunions publiques dont une géante à laquelle devraient participer 5.000 personnes le 20 juillet, pour parvenir vers la mi-septembre au choix d'un projet. Il sera ensuite amendé pour parvenir, en principe avant la mi-décembre, aux plans définitifs.

Les voix, provenant notamment de certaines associations de familles de victimes, qui appelaient peu après le drame à la transformation de l'ensemble des 6,4 hectares en mémorial se sont tues, de même que celles qui réclamaient la reconstruction à l'identique des tours géantes pour défier les terroristes.

Selon les premières ébauches, les lignes directrices établies par l'autorités portuaire et la mairie, un consensus se dégage en faveur d'un mémorial géant, qui devrait voir défiler des millions de personnes par an, des immeubles de bureaux, des commerces, sans doute un centre culturel et des parcs.

La conception du mémorial, sujet sensible entre tous, fera l'objet d'un concours d'architecte distinct qui devrait être lancé dans le courant de l'été.

Des voix se sont élevées, dans les milieux de l'urbanisme en particulier, pour appeler à la création, à la faveur du drame et de la place qu'il a dégagé, d'un projet ambitieux et d'avant-garde, englobant tout le sud de l'île de Manhattan.

Mais il semble que la nécessité de trouver un consensus, alors que s'est déjà ouverte la campagne électorale de l'élection du gouverneur en 2003, aboutira à un projet plus modeste, plus petit commun dénominateur entre tous les intervenants.

En tout état de cause il faudra attendre des années (entre 5 et 10, selon les opinions là aussi divergentes) avant que ne soit achevé le projet qui viendra remplacer les Twin Towers.

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