A la veille des Journées professionnelles de la construction, qui se dérouleront du 20 au 22 juin à Nantes, les présidents des Unions nationales artisanales de la Capeb ont successivement présenté les enjeux de leurs activités. Bruno Gal, pour les couvreurs-plombiers-chauffagistes, et Christophe Bellanger, pour les électriciens et spécialistes de "l'électrodomotique", sont revenus des thématiques comme la qualification, la labellisation ou l'auto-entreprenariat.

Récemment nommés au conseil d'administration de la Capeb, les deux présidents des UNA "Couverture-Plomberie-Chauffage" et "Equipement électrique-Electro-domotique", ont exposé, en amont des Journées professionnelles de la construction, les grandes thématiques auxquelles leurs adhérents sont aujourd'hui confrontés. Pour Bruno Gal (président de l'UNA couverture-plomberie-chauffage), c'est la multiplication des labels qui occupe le premier plan : "Cette multiplication des signes de qualité, qui semblent indispensables pour continuer à avoir une activité, est une complication pour les petits artisans de campagne !". Un avis partagé par Christophe Bellanger (président de l'UNA équipement électrique) : "Il faut prendre conscience qu'il n'est pas nécessaire d'être qualifié sur tout, mais plutôt se regrouper afin de faire de la co-traitance par exemple".

 

"Avoir plusieurs cordes à son arc mais point n'est besoin d'une harpe"
Ils ont également évoqué les chiffres "alarmants" du secteur du bâtiment, qui enregistre une baisse de 30 % des demandes de permis de construire : "Nous commençons à souffrir vraiment et à être inquiets", déclare Christophe Bellanger. "Nous devons donc donner des solutions aux délégués pour sortir de ce marasme ! Il faut que les entreprises choisissent des domaines d'activité où elles pourront se développer, car elles ne pourront pas être partout à la fois. C'est une question de choix de champ d'activité. Il faut avoir plusieurs cordes à son arc, certes, mais point n'est besoin d'une harpe !", poursuit le responsable de l'UNA équipement électrique. Son homologue de l'UNA couverture-plomberie-chauffage renchérit : "Il faut se donner les moyens commerciaux de rentabiliser une activité soutenue par une qualification adéquate".

 

Christophe Bellanger cite, comme exemple, le grand chantier lancé par ERDF pour le changement programmé de 35 millions de compteurs dans les années à venir : "Il serait pertinent, pour mes collègues, de se former sur les colonnes et les travaux sous tension". Une piste parmi d'autres qui serait, selon lui, génératrice de chiffre d'affaires et donc, de profit. "Et dans le domaine nouveau de la domotique, il y a aussi beaucoup à faire avec des qualifications. En clair : il faut se former sur des marchés où il y a du potentiel !". Pour les deux présidents d'UNA, la qualification et la formation seront des plus indéniables pour les entreprises dans un contexte de rénovation énergétique généralisée qui va créer un marché potentiellement énorme.

 

Les auto-entrepreneurs impactent le marché
Toutefois, les deux administrateurs de la Capeb ressentent également une contraction de l'activité. "Il y a des reports de décisions chez nos clients et des budgets en baisse (…) Avant, on changeait toute la chaudière, aujourd'hui on ne change plus que le brûleur ! Tant que le prix de l'énergie n'aura pas significativement augmenté, il n'y aura pas de changement majeur sur le marché", estime Bruno Gal. Pour lui, la tendance serait à la réalisation de petits bouquets de travaux, ne dépassant pas le seuil psychologique des 10.000 à 12.000 €, au-delà duquel les clients freineraient. "Les taux bancaires sont extrêmement bas, mais l'attentisme augmente. Comme les impôts", souligne Christophe Bellanger.

 

Actualité oblige, ils ont commenté le statut des auto-entrepreneurs. Et, là encore, leur vision converge : tous deux évoquent une "concurrence déloyale dans le bâtiment" qui représenterait entre 10 % de pénalité sur leur chiffre d'affaires (chauffagistes) et 15 % pour le secteur électricité-électrodomotique. "C'est gênant pour les entreprises", explique Christophe Bellanger. Car les auto-entrepreneurs seraient souvent des employés qualifiés de TPE/PME qui se ménageraient un revenu complémentaire en travaillant le week-end. "Mais la moitié du matériel est pris dans l'entreprise par les salariés. Le coulage de matériel a toujours existé mais là, il est légalisé. Les gens sont à peine assurés, ne paient pas la TVA, ne sont pas forcément qualifiés…", se désole le président de l'UNA équipement électrique. La réforme du statut validée par le gouvernement le 12 juin dernier ne devrait pas les rassurer...

 

Les métiers techniques de la couverture-plomberie-chauffage :
Nombre d'entreprises : 64.600
Auto-entrepreneurs : 6.338
Effectifs : 135.500 employés (dans des PME/TPE)
Chiffre d'affaires : 14,9 Mrds €

 

Les métiers techniques de l'équipement électrique et électronique :
Nombre d'entreprises : 47.850
Auto-entrepreneurs : 6.745
Effectifs : 79.200 employés (dans des PME/TPE)
Chiffre d'affaires : 8,3 Mrds €

actionclactionfp