L'OPPBTP a proposé mercredi un atelier-témoignage sur la prévention des accidents du travail en forme de plaidoyer pro domo.

La réputation du bâtiment et des travaux publics dans le domaine de la sécurité n'est plus à faire. Elle est mauvaise, et ce stigma fait partie intégrante de l'image des entreprises de la construction. Dans ce secteur où le nombre d'accidents mortels dépasse de loin celui des autres industries, la prévention des risques était encore balbutiante, il y a une vingtaine d'années. L'effet de contraste historique joue donc en faveur du panorama actuel. Des entreprises de plus en plus sensibilisées font figure de bons élèves en comparaison de leurs aînés, ou de leur propre comportement dans le passé. Les incitations réglementaires ont été nombreuses, la plus cruciale étant peut-être le décret du 7 novembre 2001, qui stipule que chaque entreprise doit, par unité de travail, formaliser dans un document unique le résultat de leur évaluation des risques.

« Comme souvent lorsqu'une nouvelle réglementation apparaît, les entreprises, même pleines de bonne volonté, ne sont pas forcément en mesure de faire face et de s'adapter pour tirer le meilleur des textes en termes de sécurité » commente Régis Accart, chef de projet chez OPPBTP (Organisme Professionnel de prévention d bâtiment et des travaux publics). L'OPP a donc mis en place une démarche de progrès qui vise à améliorer la prévention des accidents du travail au moyen d'un
« contrat de progrès qui fixe un plan d'action précis avec un engagement de bilan annuel », le tout dans le but d'aider les entreprises à s'acquitter de leurs obligations. Un an après la signature du contrat, une attestation est remise à l'entreprise, stipulant de façon officielle la réalisation des principaux objectifs et le respect des engagements pris. Même si l'OPPBTP voit dans cette relation avec l'entreprise, « un contrat moral » les responsables présents lors de l'atelier voient plus que celà dans la démarche progrès, et ont souligné le sérieux du suivi de l'OPP.

Plus de 65000 personnes travaillant dans la construction sont couvertes au travers des 1044 contrats de progrès signés à ce jour, soit environ 5,5% des salariés du bâtiment. « La démarche progrès est surtout orientée vers les chefs d'entreprises, mais elle est aussi destinée à faire comprendre que la sécurité est l'affaire de tous » précise Patrick Moutel, chef de projet chez OPPBTP.

En l'absence d'étude d'impact sur les accidents du travail après la signature d'un contrat de progrès, il est pour l'instant impossible d'évaluer l'efficacité de la démarche. Un des participants à l'atelier a constaté une augmentation des accidents dans les mois qui ont suivi la signature du contrat. « Je pense que, paradoxalement, après une structuration forte en terme d'organisation et de sécurité, il peut y avoir une certaine défaillance de la responsabilité individuelle » explique t-il. Il ajoute :
« Nous avons ensuite organisé une réunion pour examiner cette situation, puis le niveau des accidents a commencé de baisser ».

A la fin de l'atelier, M. Accart a rappelé l'impossibilité d'atteindre le risque zéro en matière d'accidents. M. Moutel de son côté, pense que ce sont les mentalités qui doivent changer.« et que le but reste de faire comprendre que le coût d'une démarche sécurité, même lorsque les temps sont durs, est bien inférieur au coût potentiel d'un accident du travail grave. » Si les grands groupes ont désormais intégré cette idée avec leurs propres services de prévention, tout le défi consiste à faire passer le message auprès des entreprises de moins de 50 salariés, cible naturelle de l'OPPBTP.

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