POLITIQUE. En recevant des architectes et lauréats du Pritzker Prize à l'Élysée, le président de la République Emmanuel Macron entend offrir à l'architecture "une place toute particulière", "pour rendre à nouveau notre monde habitable".

Ce vendredi 24 mai 2019, la fine fleur de l'architecture française et internationale foulait le perron de l'Élysée. Invités par le président de la République, des architectes contemporains ou du patrimoine et représentants de la profession venaient célébrer le prix Pritzker, qui a choisi la France pour annoncer son prochain lauréat.

 

Devant l'architecte primé en 2019, le japonais Arata Isozaki, les Pritzker français Jean Nouvel et Christian de Portzamparc ou encore Dominique Perrault, Myrto Vitart et Marc Barani, Emmanuel Macron a dit souhaiter donner "une place toute particulière" aux architectes.

 

Associer les architectes aux deux défis de la France

 

"Dans ce nouvel acte de notre nation, et notre projet à la fois national et européen que je veux que nous puissions penser, je souhaite donner à l'architecture une place toute particulière, peut être pas celle qu'on a toujours donnée, peut-être pas seulement une place disciplinaire classique", a clamé le locataire de l'Élysée.

 

Le défi "n'est pas seulement esthétique mais plus que jamais éminemment politique"

 

A deux jours des élections européennes, Emmanuel Macron a tenté d'associer les architectes aux "deux défis avec lesquels nous avons à vivre", que sont la lutte contre la fracture territoriale et le réchauffement climatique. Considérant que le défi "n'est pas seulement esthétique (...) mais plus que jamais éminemment politique", le président de la République a appelé les concepteurs à se faire "des ensembliers de la complexité".

 

 

Fustigeant les méthodes "organisationnelle et institutionnelle" qui seraient légion en matière de gouvernance, Emmanuel Macron en appelle donc aux architectes pour asseoir une nouvelle logique, qu'il compte également appliquer au chantier de restauration de Notre-Dame de Paris, évoqué plus tôt dans son allocution.

 

Le président "assume" le délai de reconstruction de Notre-Dame

 

Au lendemain de l'embrasement de l'édifice religieux, le président de la République avait affirmé sa volonté de restaurer Notre-Dame "plus belle encore", dans un délai resserré de 5 ans. Un calendrier qu'ont peu digéré les acteurs du patrimoine, architectes et scientifiques connaissant Notre-Dame. Ce délai, Emmanuel Macron dit l'"assumer pleinement" ce vendredi, et prône "la volonté de faire" et non "une négation de l'expertise".

"Nous devons faire confiance aux bâtisseurs d'aujourd'hui"

 

"Ce délai est possible sans jamais transiger sur la qualité des matériaux ou la qualité des procédés (...) nous devons faire confiance aux bâtisseurs d'aujourd'hui et nous devons nous faire confiance", a-t-il persuadé l'auditoire, où siégeait notamment Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques en charge de Notre-Dame.

 

Le président Macron a également tenté d'éteindre les polémiques sur la loi dédiée à la restauration de l'édifice, actuellement au Sénat, et les agacements devant une foultitude de propositions architecturales pour la toiture et la flèche. Dans le cadre du concours international pour en désigner le futur concepteur, des groupes pluridisciplinaires incluant architectes, sociologues, historiens et chercheurs pourraient voir le jour, selon les vœux du chef de l'État. Saluant "l'effervescence des idées", Emmanuel Macron a appelé à "mobiliser tous les créateurs", avec une certaine nuance: "Cette cathédrale de tous ne doit pas être l'édifice d'un seul."

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