Pénurie de maçons, serruriers et charpentiers pour l'artisanat du bâtiment. La Capeb profite de son assemblée générale à Nantes, pour rappeler son déficit en main d'?uvre. Un sujet qui selon elle met en péril l'avenir de la profession.

«Les artisans du bâtiment souffrent depuis plusieurs années d'un manque de main d'oeuvre qualifiée et peinent à séduire les jeunes malgré leurs efforts pour redorer le blason de la première entreprise de France. On pourrait embaucher plus de 40.000 personnes», déclare Dany Bourdeaux, vice-présidente de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Faute de main d'oeuvre, «on ne prend pas tous les chantiers que l'on devrait prendre, on fait attendre les clients», explique-t-elle.

Selon une enquête réalisée pour le compte de la Capeb : depuis plusieurs mois, «seulement la moitié des entreprises artisanales du bâtiment qui ont cherché à recruter sont effectivement parvenues à le faire». L'enquête, réalisée par l'institut I+C, a été révélée par la Capeb à l'occasion de son assemblée générale jeudi et vendredi à Nantes. Selon cette étude, les entreprises de 10 à 20 salariés sont plus nombreuses à chercher à recruter que celles de moins de 10 salariés. Parmi les plus touchées par les problèmes de recrutement figurent les entreprises en maçonnerie: 66% des entreprises ayant cherché à recruter des maçons n'ont pas réussi. Les métiers de la menuiserie métallique et de la serrurerie éprouvent aussi de fortes difficultés: 70% des entreprises ayant cherché à recruter n'y sont pas parvenues. Même constat chez les professionnels de la menuiserie-bois-charpente: 69% des entreprises recherchant des menuisiers ont échoué dans leur quête. «Malgré tout, pour faire face aux carnets de commandes et honorer leurs chantiers, les entreprises artisanales du bâtiment continuent à embaucher. Mais elles recrutent +par défaut+ un personnel insuffisamment qualifié au regard de ce qu'elles recherchent», note la Capeb.

L'enquête d'I+C révèle «une nette inadéquation» entre le profil recherché et le personnel recruté. Ainsi, les entreprises ne parviennent à recruter que la moitié des ouvriers qualifiés qu'elles recherchent (60% des profils recherchés par les artisans). Du coup, elles recrutent 33% d'ouvriers non qualifiés, alors que ces derniers ne représentent que 24% de leurs recherches d'embauche

«Nous souffrons d'un déficit d'image qui touche tous les métiers manuels, on ne sait pas assez bien vendre nos métiers et pourtant nous avons fait de très gros efforts dans les cinq dernières années, notamment sur les salaires qui ont augmenté de 15%», assure Mme Bourdeaux. «L'éducation nationale ne parle pas comme elle le devrait des métiers manuels, c'est souvent une orientation par défaut, l'école n'a pas pris en compte la spécificité de nos métiers, on ne nous envoie pas les bons élèves», regrette Mme Bourdeaux, qui note que la technicité des métiers de l'artisanat a beaucoup évolué et demande aujourd'hui un minimum de connaissances générales.

Pourtant, «la plus grande entreprise d'insertion en France, c'est l'artisanat», aime à rappeler la vice-présidente de la Capeb pour qui l'artisanat est «un ascenseur social, car l'apprenti peut un jour devenir chef d'entreprise».

«Il est difficile d'admettre que nous avons en France un niveau de chômage de 10%, avec plein de jeunes qui n'ont pas de perspective d'emploi, et que nous sommes obligés d'aller chercher des salariés hors de nos frontières», relève de son coté le président de la Capeb, Jean Lardin. Pourtant, souligne-t-il, «les entreprises qui ont besoin de main d'oeuvre n'hésiteront pas à aller la chercher à l'extérieur».

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