CHANTIER. Son Altesse Sérénissime le prince Albert II de Monaco a inauguré, ce 25 juillet 2018, le premier des 18 caissons qui sera immergé devant la principauté. Tous ensemble permettront de construire une extension sur la mer de six hectares.

Les travaux du futur "éco-quartier" de l'Anse du Portier avancent à Monte-Carlo. Le prince Albert II de Monaco et Martin Bouygues ont inauguré, ce mercredi 25 juillet 2018, le premier caisson monumental de béton qui sera chargé de supporter l'extension en mer prévue pour la prochaine décennie. Installée à 100 mètres du rivage, devant le Grimaldi Forum et le Jardin japonais, cette imposante structure a été livrée directement de Marseille, où le dock flottant Marco Polo les produit à la chaîne. Remorqué en trois jours, ce caisson parallélépipédique pèse tout de même 10.000 tonnes et mesure entre 27 et 28 mètres de côté. Une fois ballasté, il reposera sur un remblai d'assise, constitué sur place depuis le mois de mars 2018, et composé de 1,5 million de tonnes de granulats. Jean-Luc Nguyen, directeur de la mission Urbanisation en mer au sein du gouvernement princier, détaille : "Un navire équipe d'un tube spécifique vient déposer [les matériaux concassés] au plus près du sol, afin de limiter la quantité de sédiments soulevés". Afin de préserver la faune et la flore des zones marines adjacentes (tombant des Spélugues et réserve du Larvotto), les acteurs du chantier expliquent avoir installé des écrans filtrants au fond de la mer et surveillé le taux de matière en suspension dans les eaux.

 

 

Terre-plein en 2020, éco-quartier de luxe en 2025

 

Avec les 17 autres caissons en béton, dont les livraisons s'étaleront jusqu'en juin 2019, se constituera une digue de protection qui dominera les flots de la Méditerranée de 9 mètres environ, "un niveau suffisamment élevé pour ne courir aucun risque, même en tenant compte des houles les plus fortes". A noter que des chambres d'amortissement équipées de fentes (visibles sur la photographie) participeront à la dissipation de l'énergie de la houle. La digue permettra ensuite d'aménager à l'abri la plateforme artificielle qui supportera le quartier. "Il faudra évacuer l'eau restée à l'intérieur et la remplacer par du sable", avertit Jean-Luc Nguyen. Ce n'est qu'ensuite qu'un sol artificiel pourra être posé et que les travaux de construction d'immeubles, plus classiques, seront entamés (septembre 2020). La livraison de toute l'extension est espérée pour 2025.

 

Extension en mer Monaco
Extension en mer Monaco © VPA

 

Les six hectares, entièrement piétonnisés, seront dévolus à 60.000 m² de logements de très grand luxe (villas et immeubles), économes en énergie. "Près de 40 % des besoins énergétiques du périmètre seront couverts par des panneaux photovoltaïques et un réseau thermique qui utilisera la température de la mer (thalassothermie, Ndlr) pour réchauffer les bâtiments en hiver et les refroidir en été", précise le directeur de la mission Urbanisation en mer. Des commerces, équipements publics (extension du Grimaldi Forum sur 6.000 m²) et espaces aménagés (dont un parc paysager d'un hectare) sont également prévus. Une petite marina, capable d'accueillir 30 unités de 15 mètres est aussi au programme. En tout, 2 Mrds € seront dépensés par les porteurs du projet, dont un milliard pour la seule partie maritime. La concession a été accordée à la société anonyme monégasque de l'Anse du Portier et à la société Bouygues Travaux Publics, qui valoriseront l'opération en revendant logements et commerces. Une soulte de 400 M€ sera versée par ces aménageurs à l'Etat monégasque qui espère également profiter d'une importante source de recettes fiscales et droits d'enregistrement immobiliers, de l'ordre de 750 M€.

 

 

Depuis la fin du 19e siècle, la principauté de Monaco, à l'étroit sur son territoire coincé entre mer et montagne, a gagné une quarantaine d'hectares sur la mer soit 20 % de surface supplémentaire. Dans le quartier du port tout d'abord, puis au Sporting et enfin à Fontvieille, dans les années 1970-1980.

 

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