Malgré les mesures prises par le gouvernement pour enrayer la crise du logement en France, la fondation Abbé-Pierre pousse un nouveau cri d’alarme et rappelle que "près de 5,7 millions de personnes sont en situation de réelle fragilité par rapport à leur logement".

Dans son dernier rapport, la Fondation Abbé Pierre affiche un certain pessimisme sur le situation du logement en France. Dénoncant un double discours gouvernemental, elle estime que l'objectif de 100.000 logements par an ne sera pas atteint.
La fondation rappelle que près d'un million de personnes sont hébergées chez des tiers (famille, amis ou autres) "faute de solution dans le parc social ou privé", dont au moins 150.000 dans des conditions très difficiles. Elle constate également que "l'emballement des loyers et le manque de logements sociaux" crée des "situations d'itinérance" entre chambres d'hôtel, centres d'hébergement, habitats de fortune, "qui font des personnes ou ménages concernés des sans-domicile-permanent".
Autre motif d'inquiétude pour la fondation: l'éclatement des responsabilités lié à la loi de décentralisation qui "crée une situation où l'Etat, normalement garant de la solidarité nationale et de la cohésion sociale, risque fort de devenir un Etat 'sans bras'". "La plus grande vigilance reste de mise pour veiller à ce que les responsables politiques locaux et nationaux assurent de façon efficace la conduite du changement et que la cohérence de l'action publique soit maintenue", écrit-elle.
Estimant que la politique du logement en faveur des défavorisés "est menacée par le manque de visibilité dans l'engagement politique de l'Etat et par le processus de décentralisation", la fondation lance plusieurs propositions.

Sur le volet de la production de logements sociaux, elle demande d'accroître la construction de logements accessibles aux plus démunis en limitant les autres (les PLS) à 20 %, dans la programmation des 500.000 constructions sur cinq ans.
Opposée, comme d'autres associations, à la suppression du contingent préfectoral d'attribution de HLM (loi d'août 2004), elle demande que ce contingent soit donné aux intercommunalités, et non aux communes.
Enfin, elle demande que soit abandonnée "purement et simplement" la "libéralisation" des loyers des HLM, "véritable bombe à retardement".

Concernant le volet "aides au logement", la fondation demande l'indexation des aides personnelles au logement sur le montant des loyers ou l'indice du coût de la vie, et une meilleure prise en compte des charges.

Sur le renouvellement urbain, il est proposé d'introduire une obligation de consultation et de validation des projets par les locataires, et de s'assurer que l'obligation légale de relogement respecte les attentes et les profils des ménages.
Enfin, le rapport lance des propositions pour mobiliser le foncier, améliorer le dispositif de prévention des expulsions locatives, mieux lutter contre l'insalubrité et le saturnisme.

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