CHANTIER. Le site culturel et historique de Paris fait peau neuve, grâce à une opération de réhabilitation lourde. Batiactu a pu visiter le chantier de rénovation de ce futur musée, l'un des plus grands de France.

Sur la place du Trocadéro, à Paris, le musée national de la Marine se métamorphose. Ce haut lieu culturel, trésor depuis 1748 des aventures maritimes et navales, est pour la première fois rénové. A la fois un musée d'art et d'histoire, de sciences, de techniques et de traditions populaires, l'établissement public administratif est placé sous la tutelle du ministère des Armées. Il est constitué en réseau, puisqu'il est présent sur six sites en France, notamment dans la capitale où il est actuellement fermé pour rénovation. Le site devrait rouvrir ses portes à l'automne 2023. Cette opération de réhabilitation lourde a pour but de conserver l'âme du musée tout en lui donnant une nouvelle identité, pour représenter les enjeux de demain.

 

Depuis quatre ans, les équipes du musée, du palais Chaillot (où se trouve le lieu) et les autres sites de France construisent un programme de transformation, qui répond aux problématiques du XXIe siècle qui touchent le monde de la mer et des océans. Montée des eaux, plastique, biodiversité marine, énergies renouvelables en mer, transport maritime… Toutes ces thématiques seront abordées. "Nous constatons un intérêt croissant du grand public pour la mer", déclare Vincent Campredon, directeur du musée national de la Marine, lors d'une visite du chantier à laquelle Batiactu était conviée. Pour accueillir ces nouvelles thématiques, le deuxième plus grand musée maritime du monde propose va renouvelé son parcours de visite.

 

Modifier le site en profondeur

 

Le chantier comporte plusieurs enjeux. Celui de concevoir une zone d'accueil du public conviviale, spacieuse, tout en prévoyant une gestion ordonnée des flux. La direction du musée veut améliorer son attractivité en proposant une nouvelle scénographie et en redéfinissant les espaces afin d'apporter une offre culturelle diversifiée. Des espaces plus autonomes au musée seront également proposés, tels que des lieux de conférences et de séminaires. Enfin, puisqu'il n'avait été jusque-là jamais rénové, le musée se doit également d'être remis aux normes et à niveau, d'un point de vue réglementaire et technique (sécurité, sûreté, accessibilité à tous).

 

Musée national de la marine chantier
Pavillon d'About, chantier du musée national de la Marine. © Patrick Tourneboeuf - Oppic - Tendance Floue

 

117 agences ont déposé leur candidature au concours international d'architectural lancé sous la maîtrise d'ouvrage déléguée de l'Oppic (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture) pour mener ce chantier. C'est finalement l'agence parisienne h2o architectes qui a été désignée, en groupement avec les architectes norvégiens Snøhetta. Lionel Dubois, architecte en chef des monuments historiques, s'est quant à lui vu confier la maîtrise d'œuvre patrimoniale.

 

La rénovation en quelques chiffres

6 années de rénovation

 

8.000 m² à transformer

 

2.500 m² de parcours permanent

 

Plus de 35.000 objets de collection à conserver et à valoriser

 

Coût du projet : 65,3 millions d'euros

 

Le projet de restructuration du musée propose de restituer les volumes des galeries de l'exposition internationale de 1937. L'idée est d'abriter durablement les collections du futur musée mais aussi de respecter l'histoire de ce dernier. "Tout le projet a été conçu en 3D et la synthèse du chantier a été faite en BIM", explique Antoine Santiard, architecte associé de l'agence h2o architectes et mandataire de la rénovation (en groupement avec Snøhetta). Leur volonté est celle de concevoir des espaces d'exposition épurés, et de permettre plus de lumière au sein du site. Les surfaces sont sublimées par l'utilisation du bois. Aussi, le sol sera en parquet sur l'ensemble du musée. Les maîtrises d'œuvre redonnent le goût de la vue sur Paris, avec des grandes fenêtres.

 

Musée national de la marine chantier
Galerie d'expositions semi-permanentes au sein du musée national de la Marine. © Patrick Tourneboeuf - Oppic - Tendance Floue

 

Plusieurs espaces ajoutés

 

Le futur musée comportera quatre espaces permanents, trois galeries semi-permanentes (de 500 m² chacune), deux expositions temporaires annuelles, un espace immersif, des espaces "studios" qui mettront en valeur les plus belles œuvres des collections, un nouvel auditorium doté de 200 places assises rétractables, un espace d'actualités où seront débattus les sujets maritimes contemporains, ainsi qu'une boutique, agrandie. À l'étage, un restaurant donnera sur la Tour Eiffel et ses jardins. "Le contrôle climatique des œuvres et l'acoustique sont de gros sujets pour l'immense galerie, de 150 mètres de long, qui accueillera des œuvres", raconte Antoine Santiard.

 

 

Musée national de la marine
Vue du hall d'entrée. © H2O architectes_Snohetta

 

L'enveloppe et les décors du palais de Chaillot, chargé et ornementé, sont classés. En 1937, une opération faite pour consolider l'existant et trouver de nouveaux programmes a été lancée. Les deux grandes ailes préexistantes ont été doublées. "Les doublages et voûtes ont été masqués afin de mettre en valeur le contenu du musée", continue l'architecte. "Nous avons retravaillé ce caractère, en créant un dialogue contemporain au service du public." Les fenêtres, jusqu'à alors calfeutrées, ont été rouvertes pour connecter les visiteurs à la ville. "Ceux-ci sont plongés dans un univers brut, en acier, avec un plafond lumineux." Une grande voûte, où est caché l'équipement technique, a été doublée et réinterprétée pour être magnifiée. La création de nouveaux espaces muséographiques est permise par l'ajout de deux mezzanines. Un escalier datant de 1937, qui était depuis fermée, a été recréé. Une galerie colossale abritera, elle, les expositions temporaires.

 

Pour permettre la réhabilitation de ce projet immobilier d'ampleur, une quarantaine d'entreprises sont impliquées dans ce chantier, dont une dizaine d'entreprises pour la partie scénographique, et travaillent en lots séparés, indique Clarisse Mazoyer, présidente de l'Oppic. "C'est un regroupement de compétences pour répondre à plusieurs objectifs, comme celui de remettre le musée au niveau réglementaire, permettre l'accessibilité aux personnes à mobilité réduire ou encore offrir un confort pour les équipes du site avec l'ajout d'un monte-charge." Le chantier n'est toutefois pas facile à mener car une partie du site reste occupée par les visiteurs et les équipes du musée de l'Homme, collé à celui de la Marine.

 

Musée national de la marine
Vue du vestibule d'entrée. © H2O architectes_Snohetta

 

Fiche technique

 

Maître d'ouvrage : Musée national de la marine
Maître d'ouvrage délégué : Oppic (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture)
Maîtrises d'œuvres : Monuments historiques (ACMH Lionel Dubois, puis pierre Bortolussi depuis 2020)

 

Rénovation architecturale :
Groupement h2o architectes
h2o architectes (architecte mandataire)
Snøhetta (architecte associé)
Equilibre structure (Bet structure)
Igrec Ingénierie (Bet génie climatique, réseaux, développement durable et exploitation maintenance)
Impédance (acoustique)
ON (conception lumière)
Casso & associés (préventionniste incendie et accessibilité)
VPEAS (économiste de la construction)

 

Scénographie :
Casson Mann (scénographe, mandataire)

 

Signalétique fonctionnelle et spécifique :
Contours soft design

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