ENTRETIEN. En marge du Congrès HLM qui s'est déroulé du 24 au 26 septembre 2019, le délégué général de l'Unafo, Arnaud de Broca, revient pour Batiactu sur les enjeux du logement accompagné, son financement, sa pérennité et sa transformation.

BATIACTU: Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste le logement accompagné, et comment l'Unafo intervient dans ce secteur ?

 

Arnaud de Broca: L'Union professionnelle du logement accompagné, qui fête ses 40 ans cette année, était à l'origine un regroupement de gestionnaires de foyers de travailleurs migrants. Au fur et à mesure, le terme de logement accompagné s'est imposé. Avec 135 adhérents, des petits aux plus grands, il recouvre les résidences sociales, pensions de familles, foyers de jeunes travailleurs et de travailleurs migrants. Notre particularité est de proposer un logement, ce qui nous distingue de l'hébergement d'urgence, qui est plus ou moins pérenne. Nous considérons que les résidents peuvent rester le temps qu'ils souhaitent, mais il est vrai que le logement accompagné répond surtout à une situation professionnelle à un moment donné, qui laisse le temps à des publics en difficulté de rebondir. L'accompagnement offert varie selon la nature des structures, on travaillera davantage sur les questions de santé dans les foyers de jeunes travailleurs tandis que dans les résidences sociales, on aide les résidents à rompre avec l'isolement.

 

B: Comment s'organise le financement de ces structures ?

 

AB: Nous travaillons sur les prêts locatifs aidés d'intégration (PLAI) et adapté (PLAI adapté) qui s'adressent aux personnes les plus défavorisées. Elles paient une redevance qui correspond à un loyer et les foyers touchent directement les APL. Sur le PLAI adapté, nous avons assisté à une forte implication des résidences sociales qui ont probablement fait monter les chiffres du recours à ce prêt.

 

B: Un référé de la Cour des Comptes indiquait que le PLAI adapté était un programme nécessaire mais qu'il n'atteignait pas les objectifs espérés. Comment l'expliquez-vous ?

 

AB: Le programme a été simplifié depuis, avec un accord-cadre signé en début d'année avec le ministre du Logement Julien Denormandie. Nous avions beaucoup participé à ce travail de simplification notamment sur le montage des dossiers qui était complexe, et sur la mobilisation des financements. A ce sujet, on constate qu'à certains endroits, le PLAI adapté ne vient que contrebalancer une baisse de subventions des collectivités territoriales ou de l'Etat pour monter un projet. Dans la production de résidences sociales, certaines subventions baissent et nos adhérents doivent puiser un peu plus sur leurs fonds propres pour construire. Le PLAI adapté est donc une bouffée d'air frais, mais il n'amène pas de boom non plus.

B: Parmi les actualités du logement, vos adhérents sont concernés par la réforme du calcul des APL, et le revenu universel d'activité qui pourraient intégrer les aides au logement, quelle est votre analyse ?

AB: Nous craignons que la contemporanéité des APL et une potentielle baisse de ces aides ne fragilisent les foyers de jeunes travailleurs. Il faudra que l'on s'organise au mieux pour accompagner les jeunes, mais il y a aussi pour nos gestionnaires le risque des impayés. Cela remettra en cause la capacité de certains jeunes à pouvoir se loger en foyer, voire nos processus de sélection. Sur le revenu universel d'activité (RUA), nous partageons le constat : les aides actuelles sont compliquées, illisibles. Mais on peut également estimer que la complexité répond à des situations particulières qui nécessitent des solutions différentes. Le ministre Julien Denormandie a affirmé que le RUA et les APL ne seraient pas fusionnés, et en parallèle, nous entendons de plus en plus que les occupants d'un logement social seraient des privilégiés et qu'il faudrait revoir les référentiels, baisser encore les allocations logement. Sur cette réforme, nous sommes également inquiets sur le tiers-payant, puisque c'est par ce biais que nos gestionnaires évitent les impayés et permettent d'assurer de manière pérenne le logement de personnes en difficulté.

B: Quels sont les enjeux sur la rénovation de votre parc immobilier ?

AB: Il y a un grand travail mené sur la transformation des foyers de travailleurs migrants, qui datent souvent des années 60 et 70. Un problème de bâti vieillissant associé à des enjeux de mixité du public. Comme il est souvent question de démolir pour reconstruire, avec souvent moins de logements, il faut trouver d'autres lieux où reloger les personnes sur du long terme, ou pendant la période de travaux. La reconstruction et la transformation de foyers nous permettent également de ramener une dimension de mixité des publics, même si cela change un peu les habitudes.

 

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