A l'issue de la dernière réunion de concertation sur le photovoltaïque, qui s'est tenue vendredi 11 février, et à l'heure où s'ouvre le Salon des EnR à Lyon, les professionnels ont fait part de leur inquiétude quant à l'avenir de la filière, craignant une baisse « drastique » des tarifs de rachat de l'électricité. Réactions.

Agitée. Telle était l'ambiance de la dernière réunion de concertation de la filière solaire photovoltaïque. Tant à l'intérieur, où les réactions des professionnels participants étaient vives, qu'à l'extérieur, où quelque 300 industriels et salariés du secteur se sont rassemblés sous le drapeau du collectif 'Touche pas à mon panneau solaire'.

 

Méfiance et inquiétude ont ainsi été les premières réactions. Les professionnels redoutent désormais une chute des tarifs de rachat de l'électricité solaire, ce qui accroîtra la souffrance d'un secteur déjà bien mis à mal. En effet, le moratoire décrété en décembre dernier a déjà provoqué nombre de licenciements et de faillites d'entreprises. Dernier exemple en date, celui de Photowatt, qui pourrait délocaliser en Pologne. « Le secteur est en souffrance, voire à l'agonie », s'est exclamé Richard Loyen, Délégué général d'Enerplan, ce lundi. Au point, dit-il que les ventes aux particuliers ont dégringolé de 90% sur les deux derniers mois ! Un secteur pourtant épargné par le décret du 9 décembre, puisque les installations de moins de 3 kWc ne sont pas concernées par le moratoire. Cependant, les professionnels ont salué l'avancée vers un seuil situé entre 9 et 16 kWc, qui « permettra d'atteindre un certain équilibre », a ajouté Christian Cardonnel, président d'Enerplan.

 

La balle est dans le camp des politiques
Le texte du rapport Charpin-Trink devrait être présenté aux ministres concernés d'ici à mercredi, mais le décret tarifaire est déjà en train d'être rédigé. D'où l'inquiétude des professionnels, qui voient en la concertation « un habillage à la marge de décisions déjà prises en amont », comme le souligne encore Richard Loyen. « Nous regrettons que la mission Charpin-Trink n'ait repris que le scénario de la DGEC (Direction générale de l'énergie et du climat, pilotée par le ministère de l'Ecologie, ndlr) », renchérit-il. Le rapport ne comporterait ainsi pas d'autres chiffrages, pas d'autres solutions alternatives que celle initiée par l'administration. Pas d'engagement donc suite à ce rapport, qui désormais s'inscrit clairement dans une posture politique. « Le rapport dresse une très bonne liste de questions, mais il ne tranche réellement sur presque rien », a commenté André Antolini, président du Syndicat des Energies renouvelables. « C'est un rapport purement technocratique mais derrière, ce qui manque, c'est le choix politique », a ajouté Arnaud Gossement, avocat d'Enerplan.

 

Au-delà du manque de propositions ou de leur caractère vague - le déplafonnement au-delà des 500 MW n'a pas été fixé, et il subsiste un flou sur la reprise de la file d'attente, par exemple - la question est aujourd'hui de savoir si les politiques envisagent ou pas de développer la filière. « La question économique est posée comme un épouvantail pour cacher des choix énergétiques », estime Richard Loyen. Photovoltaïque, trop cher et pas rentable : c'est, en clair, la conclusion du rapport Charpin-Trink. Les politiques sauront-ils entendre les cris d'alarme des professionnels de la filière, qui a déjà perdu quelque 3.000 emplois et qui en envisage encore 10.000 de moins dans les prochains mois ?

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