MISE EN VALEUR. L'année 2022 sera marquée par un certain nombre de chantiers de restauration patrimoniale, dont une partie sont financés par le plan France Relance. Focus sur quelques-uns de ces projets de réhabilitation aux quatre coins de la France.

Les chantiers de restauration patrimoniale devraient garantir un certain niveau d'activité aux artisans du bâtiment pendant l'exercice 2022. En dévoilant sa stratégie et ses projets pour la nouvelle année, le Centre des monuments nationaux (CMN) a précisé la liste des sites remarquables qui, aux quatre coins de la France, vont faire l'objet dans les prochains mois de travaux de rénovation. L'opérateur public assure la conservation et l'ouverture à la visite d'une centaine de monuments, propriétés de l'État, ainsi que de leurs parcs et jardins. L'ensemble des sites historiques gérés par le CMN brasse environ 10 millions de visiteurs chaque année, et 85% de ses ressources proviennent de la fréquentation, des librairies et boutiques, des locations d'espaces ou encore du mécénat. Batiactu vous propose une sélection de ces projets de réhabilitation.

 

 

Le palais du Tau

 

L'un des plus importants chantiers à venir concernera la restauration des façades et le renouvellement du parcours de visite du palais du Tau, à Reims, qui fut résidence d'archevêques mais aussi de monarques. D'un montant de 16,2 millions d'euros, le projet nécessitera la fermeture au public du monument à partir de 2023 et jusqu'à l'été 2024. "Les travaux de restauration du monument, sous la maîtrise d'oeuvre de Marie-Suzanne de Ponthaud, architecte en chef des monuments historiques, comprendront la restauration des façades, le renforcement et la création de planchers ainsi que l'extension du chauffage au premier étage et le renforcement du réseau électrique", précise le CMN.

 

L'abbaye du Mont Saint-Michel

 

À la frontière entre Bretagne et Normandie, l'abbaye du Mont Saint-Michel va bénéficier quant à elle de l'achèvement de la rénovation des façades et toitures de la "Merveille", c'est-à-dire la partie du bâtiment considérée comme étant la plus emblématique, véritable "joyau de l'architecture gothique". L'opération comprend par ailleurs le remplacement des ardoises des couvertures ainsi que la révision des vitraux et des menuiseries. "Ces travaux d'envergure sur les 8.000 mètres carrés de façades du bâtiment, ainsi que l'ensemble des couvertures, ont nécessité la mise en place d'échafaudages avec un ascenseur pour permettre l'intervention d'une trentaine de compagnons", indique le CMN. Après les façades sud et ouest, désormais achevées, ces derniers se sont attelés à la réhabilitation de la façade nord-est. Le chantier devrait se terminer au printemps 2023, pour un budget de 7 millions d'euros.

 

La cité de Carcassonne

 

Bien plus au Sud, la cité de Carcassonne devrait pour sa part voir la dernière partie du chemin de ronde de ses remparts être restaurée. Le côté ouest des remparts avait déjà été réhabilité entre 2014 et 2015, et c'est cette fois l'est du chemin de ronde qui va être concerné. Cette partie est constituée de six tours et de 300 mètres de courtines. "Elle sera restaurée et sécurisée afin de répondre à un double enjeu de conservation et d'ouverture au public", complète l'opérateur. Ajoutant : "Ce chantier comprendra la reprise des sols, la sécurisation du parcours et des escaliers par la mise en place de mains courantes, ainsi que l'aménagement des six tours". Une enveloppe prévisionnelle de 4,5 millions d'euros a été débloquée pour l'occasion, pour une fin de travaux prévue début 2024.

 

Le domaine national de Saint-Cloud

 

Direction l'Île-de-France et le domaine national de Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine. Le CMN s'apprête à engager sur ce site la somme de 10 millions d'euros pour la rénovation et la mise en valeur de la Grande Cascade, pièce maîtresse du domaine composée de jeux d'eau et de sculptures, et réalisée entre 1664 et 1665 par Antoine Le Pautre, premier architecte du duc d'Orléans, frère de Louis XIV. Des problèmes de stabilité et d'infiltration nécessitent en effet d'intervenir sur cette fontaine : "Les travaux comprendront la reprise de la maçonnerie, de l'étanchéité, des sculptures et des ouvrages métalliques, mais aussi la remise en marche du système de fontainerie. Il s'agit également de travailler à la mise en valeur de la Grande Cascade dans son contexte paysager, par un travail complet sur l'environnement végétal", détaille l'opérateur public. Le chantier sera divisé en quatre phases qui s'étaleront jusqu'en 2026 et qui commenceront par les parties hautes de la fontaine.

 

La Sainte-Chapelle

 

Toujours en région parisienne, c'est une autre vaste campagne de réhabilitation qui a été initiée fin 2021 sur les façades de la Sainte-Chapelle, sur l'île de la Cité, en plein coeur de la Ville Lumière. Intempéries, pollution atmosphérique, défauts dans le traitement d'étanchéité et usure du temps ont dégradé voire fragilisé un certain nombre d'éléments structurels et décoratifs. Le porche occidental est déjà en cours de restauration, et s'ensuivra la rénovation "des maçonneries de la façade occidentale (hors rose) et de la première travée de l'élévation sud, puis de la restauration des maçonneries et des verrières du côté sud".

 

 

Une intervention qui permettra au passage de réaliser "des verrières de doublage" pour ces vitraux afin de mieux les conserver, et d'installer un éclairage extérieur pour mettre en valeur l'ensemble. "Dans la continuité des opérations déjà menées depuis 1996, le parti retenu consiste à restaurer les ouvrages en privilégiant leur maintien et leur traitement en conservation. Il s'agit tout à la fois de sauvegarder les éléments médiévaux, et de préserver ou redonner du sens, lorsqu'ils l'ont perdu, aux ouvrages mis en oeuvre lors de la restauration au XIXe siècle", explique-t-on au CMN. Programmés jusqu'en 2027, les travaux représentent un budget de 17 millions d'euros.

 

L'Arc de triomphe de la capitale est aussi concerné par une réhabilitation ciblée : dôme, escaliers, parties basse, parvis et chaînes vont ainsi retrouver une seconde jeunesse d'ici septembre 2022.

 

La Cité internationale de la langue française au sein du château de Villers-Cotterêts

 

Parmi la longue liste de chantiers de rénovation patrimoniale qui émailleront l'Hexagone tout au long de l'année, on peut également citer, entre autres, l'inauguration tant attendue de la Cité internationale de la langue française au sein du château de Villers-Cotterêts (Aisne), ancienne résidence de chasse royale dont la construction commença sous François Ier. C'est en ce même lieu que le monarque signa, en 1539, la fameuse ordonnance éponyme, qui imposa la langue française dans l'ensemble des actes administratifs et juridiques du royaume.

 

L'oppidum d'Ensérune

 

De même, le musée d'Ensérune (Hérault), installé à proximité d'un oppidum - vestiges d'un village gallo-romain -, sera bientôt totalement réaménage. Certaines parties des tours et remparts d'Aigues-Mortes, dans le Gard, sont aussi en cours de restauration. Dans un style résolument plus contemporain, les premier et second étages de la Villa Savoye, à Poissy (Yvelines), vont être remis au propre.

 

Deux sites indriens dans le programme de travaux du CMN

 

Enfin, le département de l'Indre, en région Centre-Val de Loire, se fait une place particulière dans le programme de travaux du CMN, avec deux sites figurant dans la liste. La maison de George Sand, à Nohant-Vic, va bénéficier d'une enveloppe de 150.000 euros pour la restauration de la salle des théâtres, située au rez-de-chaussée de l'aile orientale du bâtiment.

 

Un peu plus loin dans la Champagne berrichonne, le château de Bouges fait l'objet depuis l'été 2020 d'une rénovation de ses quatre façades. L'intervention devrait bientôt s'achever par une révision du système de récupération des eaux pluviales. Un budget de 2,5 millions d'euros y a été consacré.

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