SANTÉ. L'Académie d'architecture s'est interrogée sur la responsabilité des formes architecturales au regard de la santé publique et s'est dotée d'un groupe de travail pour se pencher sur des recommandations, rendues publiques le 6 décembre.

L'Académie d'architecture renoue avec la tradition de l'avis. L'organisation, forte de 350 membres pour certains éminents, a constitué un groupe de travail pour se pencher sur le besoin d'"aération des bâtiments en période d'épidémie virale aéroportée". Le groupe de travail en a déduit plusieurs recommandations, rendues publiques le 6 décembre.

 

Les architectes en charge de cette réflexion sont partis d'un constat simple, confirmé par les auditions qu'ils ont effectuées : la contagion du virus SARS-Cov2 est liée à "un quantum infectieux qui peut être réduit par dispersion dans l'air et par le renouvellement de celui-ci". Or l'apport d'air neuf non contaminé requis est de l'ordre de 50 mètres cubes par heure par personne pour assurer l'immunité d'un local. L'exigence de renouvellement de l'air n'est, chacun le sait, pas la seule composante de la réglementation thermique. La situation de crise épidémique virale aéroportée "conduit à renforcer l'exigence de pureté de l'air au détriment des autres exigences", estime le groupe de travail. Il y a donc lieu de "chercher les moyens d'en favoriser l'arbitrage par des solutions architecturales et techniques".

 

La ventilation naturelle doit être privilégiée

 

Face à la vraisemblable répétition d'épidémies virales aéroportées dans un avenir proche, en complément des préconisations de l'OMS, l'Académie d'architecture recommande donc, pour les constructions neuves, de privilégier le renouvellement de l'air des locaux au moyen de l'aération naturelle par des solutions géométriques de faible entretien en tenant compte des incidences de l'orientation du bâtiment "tant vis-à-vis de la rose des vents que du diagramme solaire afin de pouvoir mieux assurer le renouvellement de l'air".

 

À cet effet, la double-orientation de façades ou la faible épaisseur des bâtiments sont souhaitables. Pour les constructions de grande épaisseur, l'adjonction de cheminées d'aération ou d'atriums ouverts est recommandable. En outre, les locaux doivent "pouvoir être dotés de fenêtres ouvrables (y compris les pièces humides des logements)" sauf pour les immeubles de grande hauteur qui devront faire l'objet de dispositions spécifiques. L'objectif : "éviter, à chaque fois que cela est possible, les installations de climatisation". Il est également recommandé d'augmenter les hauteurs sous plafond, afin de maximiser le volume par occupant des espaces fermés et de "favoriser tant la stratification de l'air vicié au-delà de la hauteur de l'air respiré, que la dispersion par convection".

 

Prévoir des dispositions techniques provisoires pour augmenter le débit d'air en période de pandémie

 

Pour les réhabilitations, l'Académie suggère que les adaptations des ouvrages satisfassent aux mêmes objectifs de ventilation naturelle. Les rénovations énergétiques par une meilleure isolation "devraient associer un diagnostic aéraulique au diagnostic thermique", notamment. D'une manière générale, les architectes demandent aux concepteurs de "prévoir des dispositions techniques provisoires pour faire face aux crises virales aéroportées par une forte augmentation du renouvellement d'air neuf", sans trop pénaliser l'objectif de performance énergétique en situation normale.

 

Ils suggèrent également d'informer les usagers de la qualité de l'air intérieur qu'ils respirent, en particulier pour les systèmes aux apports d'air neuf modulable et "pour ceux qui n'effectuent qu'un brassage de l'air intérieur". Enfin, ils évoquent la possibilité de constituer une filière d'enseignement spécifique à l'aéraulique des bâtiments dans les écoles d'architecture, "dispensant tant les savoirs historiques de cette discipline que les recherches expérimentales en cours".

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