CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES. L'ordonnance du 13 mai inquiète décidément l'ensemble des acteurs de la filière. Après une première alerte lancée par la FNTP et la FFB, c'est la Capeb et l'ensemble de la maîtrise d'œuvre qui ont souhaité réagir.

Après la FNTP et la FFB, c'est au tour des artisans et des organisations représentant la maîtrise d'œuvre de s'alarmer des conséquences possibles de l'ordonnance du 13 mai (publiée au Journal officiel du 14). En effet, dans un communiqué de presse signé par les cinq fédérations concernées (1), daté du 15 mai 2020, ils "alertent le gouvernement sur les conséquences graves pour le secteur de la construction" de ce texte. Les fédérations rappellent l'objet de leur inquiétude : "Dans cette ordonnance, le Gouvernement considère une reprise à 100% du secteur de la construction et, de fait, impose que les délais d'études et de construction soient inchangés, en dépit de la prolongation de l'état d'urgence sanitaire."

 

"72% des chantiers ont repris dans le bâtiment", annonce le ministre Julien Denormandie

 

Le ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, a affirmé dimanche 17 mai que 72% des chantiers avaient repris dans le Bâtiment, lors de l'émission "Le grand rendez-vous" sur Europe 1. Il a précisé tenir cette donnée des "fédérations". "Il y a quinze jours, nous étions à 30%, nous étions à 50% la semaine dernière", a-t-il aussi précisé. "Nous arrivons à cela parce qu'il y a une envie de reprise, de la part des Français et des entreprises."

 

Un automne noir en termes de défaillances d'entreprises ?

 

Cette continuité impliquerait, du fait que les chantiers ne sont pas, précisément, à 100% de leur niveau de productivité du fait des mesures sanitaires, que les acteurs ne pourraient pas livrer à temps et seraient soumis à des pénalités de retard de le part de leurs maîtres d'ouvrage. Une vague de défaillances d'entreprises serait ainsi à craindre à l'automne. Les signataires demandent ainsi que ce soit la date de la fin de l'état d'urgence qui soit prise en compte pour faire repartir les délais.

 

 

Le ministère du Logement a répondu aux professionnels à ce sujet sur Batiactu, rappelant notamment que lier la reprise des délais contractuels à la fin de l'urgence sanitaire laisserait de nombreux maîtres d'ouvrage dans le flou sur la livraison de leur construction - ce à quoi l'on peut ajouter que personne ne sait exactement à quel moment se terminera la période d'état d'urgence, prolongée ou non en fonction du niveau de l'épidémie. L'État insiste également sur le fait qu'il semble difficile de faire recourir les délais d'instruction des autorisations d'urbanisme avant la fin de l'état d'urgence (ce qui est le cas aujourd'hui), sans parallèlement faire également courir les délais contractuels.

 

Les entreprises appellent à "créer de nouvelles aides"

 

En matière de partage des surcoûts liés au covid-19, les cinq mêmes organisations avaient rédigé un courrier fin avril au Premier ministre. Elles demandaient alors aux pouvoirs publics de maintenir les dispositifs d'aide actuels et d'en créer de nouveaux pour aider les TPE-PME à passer le cap de ces prochains mois. "A défaut, tous les efforts déjà déployés par le gouvernement seraient vains et n'auraient permis que de retarder de quelques semaines la disparition de nombreuses TPE-PME du secteur, et autant de savoir-faire."

 

(1) Capeb, Cinov, Synamome, UNGE, Unsfa

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