La peur de nouveaux attentats et la possibilité de trouver des bureaux à meilleur marché pourraient être un obstacle à la reconstruction sûrement très coûteuse du World Trade Center (WTC), même si des responsables politiques ont tendance à en brandir la perspective par défi.

Au lendemain des attaques terroristes meurtrières qui ont abattu les deux tours jumelles du WTC, le problème du coût de nouveaux bâtiments n'a guère été évoqué.

Le Congrès américain a promis 20 milliards de dollars pour la zone sinistrée et le maire de New York Rudy Giuliani, qui a juré à plusieurs reprises de rendre son visage d'antan au quartier des affaires, a créé une commission chargée de la reconstruction. Les donations pour les victimes ont afflué et d'autres fonds ont été réunis de diverses sources.

Mais derrière cette vague généreuse et patriotique, la ville craint que les attentats ne conduisent des entreprises à s'éloigner de Wall Street, notamment pour des bureaux à meilleur marché dans le New Jersey voisin.

"Je me demande si beaucoup de personnes ne vont pas trouver New York trop dangereuse et réfléchir à l'idée de vivre ailleurs", déclare Peter Pattison, président de la société de développement immobilier Pattison Limited.

Le sénateur de New York Charles Schumer a rencontré lundi le secteur de l'immobilier et tous se sont accordés à dire qu'un effort était nécessaire pour éviter un départ des entreprises installées dans la ville pour d'autres lieux, selon le quotidien Newsday.

Eric Silverstein, qui a payé il y a deux mois 3,2 milliards de dollars pour une location de 99 ans dans les tours jumelles, aujourd'hui détruites, a affirmé lors de cette réunion que le World Trade Center devait être rebâti. "Nous en avons l'obligation pour nos enfants et petits-enfants", a-t-il dit.

Au lendemain des attentats, les journaux ont été inondés de lettres appelant à la reconstruction des célèbres tours. Mais la crainte qu'un nouveau site ne soit à nouveau pris pour cible par des terroristes a depuis tempéré les ardeurs. Certains ont demandé que le quartier sinistré soit transformé en un parc du souvenir.

Parmi les sociétés ayant des bureaux dans le World Trade Center et relogées dans le New Jersey figurent American Express, Merrill Lynch, Lehman Brothers et Goldman Sachs. Nombre d'entre elles ont promis de revenir à New York mais le doute subsiste sur leurs réelles intentions.

"Nous faisons tout ce que nous pouvons pour les faire rester", indique John Dyson, conseiller du maire pour les affaires économiques. Outre la création d'un centre d'urgence spécialisé dans la réinstallation des entreprises ayant des bureaux au World Trade Center, la mairie compte bien sur sa commission spéciale chargée de la reconstruction, qui devrait avoir des pouvoirs étendus en matière de contrats de démolition et de construction.

Certains ont suggéré que Rudy Giuliani, qui doit quitter ses fonctions de maire le 31 décembre, pourrait prendre la tête de cette commission.

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