AMÉNAGEMENT. De nouvelles voix s'élèvent contre l'actuel projet de rénovation de la Gare du Nord. Un député de Seine-Saint-Denis appelle le secrétaire d'Etat aux Transports à suspendre le projet pour réviser sa programmation.

Cette semaine encore, la rénovation de la Gare du Nord est au cœur des oppositions, à coup de tribunes interposées, de lettres au gouvernement ou de prises de position. Le 4 septembre dernier, une tribune signée de 19 architectes et urbanistes de renom avait mis le feu aux poudres. Publiés par Le Monde, les signataires dénoncent un projet "inacceptable", à repenser "de fond en comble".

 

Leur désaccord repose tant sur la programmation commerciale du projet que sur l'échéance de livraison fixée en 2024, inatteignable pour les signataires parmi lesquels figurent Dominique Perrault, Ariella Masboungi, Roland Castro ou Jean Nouvel. Dans une question écrite à destination de Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d'Etat aux Transports, le député de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu rejoint l'appel des architectes, en lui demandant que le projet "soit suspendu et repensé".

 

"Il est désormais clair qu'il faut suspendre le projet actuel et remettre à l'étude un projet de modernisation qui soit conforme à l'intérêt des citoyennes et citoyens", demande le parlementaire qui estime que les voyageurs n'ont pas besoin d'un "temple commercial supplémentaire".

 

50.000 m² d'espaces commerciaux

 

La gare du 10e arrondissement de Paris conçue par l'architecte Jacques Ignace Hittorff en 1864 doit subir d'importantes rénovations pour s'adapter à l'augmentation des flux de voyageurs. Dans le groupement mené par Ceetrus, filiale d'Auchan, les architectes de Valode et Pistre avaient été retenus pour le nouvel aménagement de la gare, et la restauration des éléments remarquables de l'édifice comme sa façade nord et la façade intérieure de la grande halle.

 

Ces derniers s'étaient d'ailleurs défendus, dans une tribune dans Le Monde du 16 septembre, de privilégier les espaces commerciaux à la fluidité des circulations de voyageurs. "Tout est fait, dans ce projet, pour que le voyageur passe d'un lieu subi à un lieu qu'il aura plaisir à fréquenter, à un lieu humanisé", répondent les maîtres d'œuvre.
D'après les chiffres transmis par Ceetrus, la modernisation de la gare du Nord permettra de doubler les espaces de circulation à 60.000 m² et prévoit 50.000 m² d'espaces commerciaux et 11.000 m² d'espaces verts en toiture.

 

Selon Denis Valode, la surface attribuée aux espaces commerciaux serait d'ailleurs inférieure à celles d'autres gares parisiennes comme Saint-Lazare ou Montparnasse. Mais pour la présidente du Conseil régionale de l'Ordre des architectes d'Ile-de-France, Christine Leconte, l'opposition montante au projet pose la question de "l'inversion du mode de fabrication de la ville, à partir du désir et plus de l'usage". "On sent chez les professionnels un engagement politique de plus en plus fort", a-t-elle relevé au cours d'un point presse de rentrée.

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