Des milliers de bureaux sont partis en fumée, Wall Street est défiguré. Mais au-delà du choc, de la douleur, New York se jure de tout rebâtir d'ici quatre à cinq ans et de retrouver son rayonnement. Certains imaginent même la tenue des Jeux Olympiques en 2012.

"La détermination est plus grande que jamais. D'ordinaire, les choses avancent lentement à New York dans la construction", souligne un spécialiste de l'immobilier de bureau, Joe Harbert, directeur de l'agence Insignia/ESG à New York.

Cette fois, il y va de l'honneur, de l'espoir et de l'urgence. L'attentat a fauché des milliers de personnes, prises au piège des tours jumelles du World Trade Center.
Il a aussi réduit à néant 1,24 million de m2 de bureaux et en a endommagé 2,7 millions d'autres, soit un tiers du quartier de "Downtown" qui englobe la capitale financière du monde, Wall Street.

"Tous les efforts, toutes les ressources vont être axés sur la reconstruction. La ville, l'Etat auront beaucoup d'influence. Tout cela sera rebâti très vite", estime Ron Simoncini, porte-parole d'un grand groupe immobilier de New York et du New Jersey, Hartz Mountain.

La plupart des professionnels consultés parient sur une reconstruction du World Trade Center au plus tard en 2006, sans doute pas à l'identique, avec des tours jumelles de 110 étages, mais plutôt quatre tours de 50 étages.
L'investisseur privé Larry Silverstein, qui avait loué au printemps les deux tours pour 99 ans, a lancé l'idée. Les New-Yorkais s'y habituent déjà, dans les conversations, les journaux, même si rien n'est décidé.
Un mémorial sera sans doute érigé sur ce qui est devenu un immense cimetière. Mais ne pas reconstruire "offrirait une incroyable victoire" aux terroristes, estime Larry Sliverstein.
"Nous avons besoin d'espaces de bureaux (..) et d'un symbole de New York aussi puissant que les tours", ajoute le célèbre architecte new-yorkais Richard Meier.

Les plus grands noms de la finance avaient des bureaux dans le complexe du World Trade Center : Morgan Stanley, Lehman Brothers, Merrill Lynch, American Express... ainsi que cabinets d'avocats, groupes de conseil, sociétés de services.
Les centaines d'entreprises jetées à la rue se réinstallent dans les bureaux de Manhattan qui ont été libérés par la vague de faillites de l'internet ou partent de l'autre côté de l'Hudson River, dans le New Jersey où elles trouvent plus facilement de grandes surfaces à louer.

Les prix sont restés ce qu'ils étaient le 10 septembre, avant l'attaque, propriétaires et agents immobiliers s'étant engagés à faire montre de solidarité. Ils pourraient augmenter toutefois dans les prochains mois.

American Express a immédiatement loué 30.000 m2 de bureaux à Parsippany dans le New Jersey et 18.000 m2 à Stamford dans le Connecticut.
"Ces compagnies ne reviendront peut-être jamais", s'inquiète un des professionnels immobiliers de New York, Kenneth Laub.

Wall Street pourrait-elle perdre son rang de siège mondial de la finance? L'inquiétude, souvent abordée dans les médias, reste peu partagée par les professionnels.

"La question se posera peut-être pour American Express. Mais la plupart des grandes banques d'affaires restent à priori attachées à Manhattan", estime Joe Harbert. "Depuis 350 ans, Downtown est un aimant" économique et financier, renchérit son collègue Ron Simoncini.

Allant plus loin, certains prédisent même une nouvelle renaissance, à la faveur des Jeux Olympiques de 2012. La ville hôte des Jeux sera choisie en 2005, note un expert immobilier de la New York University, Hervé Kevenides.
Après les attentats, Rome a suggéré que toutes les villes candidates s'effacent pour laisser la place à New York "en hommage aux habitants et pour restaurer la confiance".

Autre symbole, le nouveau musée Guggenheim qui doit être construit sur la rive de l'East River selon des plans pharaoniques de l'architecte Franck Gehry, constituera aussi un des moments forts de cette renaissance, en principe en 2007.

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