Selon une information de nos confrères du Figaro, GDF-Suez serait en pourparlers avec les pouvoirs publics pour imposer une hausse de 5% de tous ses tarifs, en contrepartie de laquelle l'entreprise augmenterait le nombre des bénéficiaires de la tarification sociale, exemptés eux, de toute fluctuation.

A quelques mois d'une échéance électorale d'importance comme les présidentielles, il y a des sujets dits "sensibles" pour lesquels les tractations se font plutôt en coulisses, histoire de réduire leur impact sur les Français. Le prix du gaz est de ceux-là.

 

Exercice d'équilibriste
Côté pile, jeudi dernier, le 15 septembre, devant les professionnels réunis en congrès, le ministre de l'Industrie a fait l'éloge du gaz : l'une des "clés" de notre histoire énergétique, "à un moment charnière", allant jusqu'à évoquer un éventuel "âge d'or du gaz", dont il ne doute pas qu'il jouera "un rôle déterminant dans les années qui viennent". Et d'annoncer à cette occasion son soutien à la filière : se prononçant pour le renforcement des infrastructures en vue de diversifier nos modes d'approvisionnement et affirmant sa volonté d'expertise du potentiel national et de notre capacité à l'exploiter. De manière concrète, il a également annoncé la publication prochaine de l'ensemble des textes réglementaires permettant de mettre en place l'injection de biométhane - issu de la production de gaz par fermentation des déchets - sur les réseaux de gaz naturel.

 

Pour ce qui est de la tarification du gaz, pomme de discorde entre GDF-Suez et les consommateurs, le ministre a prôné pour une tarification juste, établie sur la base de la consommation réelle et non sur des estimations : Eric Besson a saisi dans cette optique le Conseil supérieur de l'Energie d'un arrêté renforçant l'information et la protection des consommateurs, pris en application de la loi NOME, afin de limiter les abus de facturation qui pouvaient exister. Quant à une hausse ou non du prix du gaz - réclamée par l'approvisionneur - le gel court jusqu'à ce que la Commission de régulation de l'énergie (CRE) rende son avis sur l'application d'une nouvelle formule. "Il nous faut tout d'abord veiller à ce que le tarif réglementé, qui est de la responsabilité du Gouvernement, permette de faire bénéficier le consommateur de toutes les opportunités dont bénéficie GDF Suez en termes d'abaissement de ses coûts d'approvisionnement, a ainsi déclaré Eric Besson. La Commission de régulation de l'énergie a suggéré en mars dernier d'étudier une évolution en ce sens du cadre tarifaire. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement a suspendu l'application de la formule de calcul des tarifs et demandé à la CRE de lui faire des propositions précises."

 

Outre le doublement de la prime à la casse, le ministre a déclaré qu'il saisirait dans les prochains jours le Conseil d'Etat d'un projet de décret pour permettre l'automatisation des tarifs sociaux du gaz à destination des ménages les plus précaires "afin que tous les Français éligibles en bénéficient", précisant qu'aujourd'hui ils n'étaient que "300.000 sur 800.000" à en bénéficier.

 

GDF-Suez joue son va-tout
Côté face, l'on apprend justement que c'est sur ce dernier point que se jouent les négociations en coulisses entre GDF-Suez - qui réclame une hausse des tarifs de 5% pour tout le monde d'après le barème établi en fonction de ses coûts d'approvisionnement - et les pouvoirs publics - qui ne veulent pas d'une annonce impopulaire. Le fournisseur d'énergie proposerait de compenser la hausse voulue par une augmentation du nombre de bénéficiaires des tarifs sociaux qui, exemptés de toute modification tarifaire, ne seraient ainsi pas affectés par cette dernière. "Ce nombre passerait de 400.000 personnes à une fourchette oscillant entre 4 et 5 millions" explique le Figaro. En contrepartie, précise le quotidien, GDF appliquerait une hausse pour tous les autres. D'après nos confrères, les négociations seraient ainsi entrées en phase intensive... en coulisses. Ce lundi, aucun acteur du dossier n'a réagi officiellement, pour démentir ou confirmer cette information.

 

Contacté par la rédaction, le ministère de l'Industrie a confirmé ne faire aucun commentaire sur ce sujet.

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