L'autre grande évolution est celle de l'augmentation de l'épaisseur des isolants : si, dans les années 1980-1990, elle était en moyenne de 8 à 10 centimètres, il est aujourd'hui inenvisageable de prévoir moins d'une quinzaine de centimètres d'épaisseur. Et il n'est pas rare de dépasser les 20 cm pour les BBC, pour atteindre les 30 cm dans les maisons qui recherchent les performances thermiques les plus élevées. Mais ne risque-t-on pas un "effet tunnel" au niveau des ouvertures avec cette course à l'épaisseur ? "Afin de maintenir un clair de jour et l'entrée de lumière naturelle dans les locaux, il est possible de créer un ébrasement au niveau des ouvertures, par une coupe en biais", explique Bertrand Ruot (CSTB). Certains industriels ont même développé un ensemble de pièces et d'accessoires variés pour faciliter la mise en œuvre de leurs produits au niveau de ces points singuliers (ouvertures, points de départ, jonction avec la toiture, etc.).

 

Attention à la mise en oeuvre
Le domaine de l'ITE est aujourd'hui techniquement maîtrisé et les solutions sont considérées comme robustes. "Là où le bât blesse et où il faut être vigilant, c'est au niveau de la mise en œuvre et de la formation des entreprises", estime l'ingénieur du CSTB. "Il existe des règles à respecter et des grands principes à ne pas ignorer. Faute de quoi, la performance thermique n'est pas au rendez-vous. L'image de l'ITE s'en trouve écornée ce qui est dommage vu ses possibilités". Pour Philippe Philipparie, expert au GIE Socabat, les pathologies les plus fréquemment rencontrées sur les façades isolées par du l'extérieur (PSE collé sous enduit, armé d'un treillis de verre) sont les décollements du polystyrène sous l'action du vent. Un défaut d'adhérence de la colle serait alors en cause, souvent lié à une mauvaise préparation du support. La fissuration du sous enduit, à cause de son manque de souplesse, serait également fréquente et entraîne l'entrée d'eau derrière le panneau de PSE. Une évolution technique apporte pourtant une solution : celle de la fixation mécanique du polystyrène à la façade et la formulation du sous enduit afin d'obtenir un produit pâteux et élastique. "L'ITE est maîtrisée aujourd'hui mais on risque de voir revenir cette pathologie sérielle qui aurait déjà pu être évitée à l'époque", prévient Philippe Philipparie. "Les industriels doivent assister les entreprises, car la pose n'est pas instinctive", prône Bertrand Ruot, "et les entreprises ne doivent pas hésiter à s'appuyer sur l'expertise des industriels et de leurs applicateurs".

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