C'est une promesse de Ségolène Royal : 1.000 km de routes photovoltaïques devraient être créées d'ici à cinq ans. Cette mesure, annoncée ce mercredi 20 janvier aux autorités responsables de transport, confirme les engagements pris lors de la COP 21.

La transition énergétique est en route. C'est le cas de le dire, puisque la ministre de l'Ecologie vient d'annoncer que d'ici à cinq ans, 1.000 km de routes seront solaires. Un appel d'offres a déjà été lancé et les premiers tests auront lieu à partir du printemps, ajouté Ségolène Royal, ce mercredi 20 janvier, à l'occasion des vœux au Groupement des autorités responsables de transport, selon une information de France Info.

 

Cinq ans de R&D

 

La route solaire n'est plus une utopie depuis que Colas, spécialiste des travaux publics et filiale « routes » du géant Bouygues, a présenté son concept « WattWay », en octobre 2015. « Cinq ans de R&D ont été nécessaires, en collaboration avec le CEA-Ines, pour obtenir des panneaux au rendement proche des panneaux traditionnels », expliquait alors Hervé Le Bouc, Pdg de Colas.

 

Et pourtant, rien n'était joué. Deux ans plus tôt, en septembre 2013, lors d'une visite dans le centre R&D de Magny-les-Hameaux (Yvelines), Philippe Raffin, directeur Technique et R&D de Colas, pour les activités Routes, Bâtiments, Génie civil et Spécialités, écartait l'idée de route photovoltaïque. Les capteurs solaires étant à la fois trop fragiles et trop lisses pour faire une surface circulante adéquate, le directeur technique avançait alors d'autres pistes : « Il serait plus judicieux de récupérer l'énergie thermique du rayonnement solaire sur les routes et d'en capter les calories. On pourrait également imaginer de placer des capteurs piézoélectriques dans les chaussées pour créer un courant électrique. Mais ce dispositif engendrerait une surconsommation pour les véhicules qui rouleraient sur ce revêtement 'souple' et entreraient en suspension… »

 

Nombreux tests aux résultats concluants

 

Finalement Colas décide tout de même d'investir dans le projet de route solaire, et conçoit une « chaussée martyr » afin de tester la résistance au passage des véhicules à des vitesses croissantes puis à des coups de frein. Les résultats sont concluants, Colas ayant désormais orienté ses essais avec des capteurs polycristallins plutôt qu'avec des capteurs souples comme au départ. « WattWay, c'est un mariage réputé impossible, entre des cellules photovoltaïques en verre fin, fragiles, et une chaussée très sollicitée par des véhicules, dont des poids lourds de 40 ou 45 tonnes, induisant des efforts et des effets thermiques importants », déclarait, en 2015, Philippe Raffin. Concrètement, il s'agit de panneaux rigides de polymère, de 1.70x0.70 m, d'à peine quelques millimètres d'épaisseur, qui se collent sur l'asphalte ou le béton à l'aide d'une résine. « Ils intègrent également l'architecture électrique, la sécurité, la connectique, en sous-face », complétait le directeur technique et R&D. Les panneaux sont désolidarisables, afin de pouvoir les remplacer un par un, et se mettent hors circuit en cas de problème ou d'incident technique. Quant aux problèmes d'adhérence souvent évoqués, Colas assure que le gravillonnage constitué de verre recyclé joue son rôle. Question durée de vie, les capteurs durcis ont supporté un million de passages en laboratoire, sans casse. De quoi envisager entre 15 et 20 ans d'exploitations, selon le trafic de la route. Enfin, Colas, qui jusqu'à présent utilise des capteurs standards Photowatt, réfléchit à trouver de nouveaux partenaires industriels pour une production en grandes quantités de Wattway.

 

Déjà un autre projet pour recharger son véhicule…

 

L'annonce de Ségolène Royal fait suite aux engagements pris à l'issue de la COP 21. Faire des économies d'énergie, la route solaire devrait y participer, puisque 1 km de voie devrait pouvoir alimenter l'éclairage public d'une ville de 5.000 habitants, estime Colas. Qui, en outre, fait valoir trois avantages à sa solution : pas besoin de foncier en zone urbaine, pas de concurrence avec les terres agricoles et donc pas d'impact sur le paysage, pas besoin de détruire les chaussées pour l'installer. De quoi séduire les acteurs de la filière… en attendant que n'apparaisse la route solaire qui permettra de recharger son véhicule tout en roulant !

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