A l'issue du Congrès de l'Union Nationale HLM à Toulouse , Michel Delebarre, ancien ministre d'Etat, président de l'Union nationale des fédérations d'organismes HLM, s'entretient sur la notion de " Nouvel Habitat " dans le logement social, la loi SRU et les récentes inondations dans la Somme.

Parallèlement à la démolition de 15.000 logements "indignes" décidés par la secrétaire d'Etat au Logement, Marie-Noëlle Lienemann, un programme de 30 "nouvelles résidences" caractérisés par la mixité sociale devrait être lancé cette année. Quels sites ont été retenus ?

Michel Delebarre : Tout d'abord, en matière de démolition, nous allons essayer l'un et l'autre d'être plus ambitieux encore que ce que nous faisons. Pour cela, nous allons parcourir la France, à la fois séparément et ensemble pour inciter à cette action de démolition/reconstruction.
En même temps, il faut inciter les différents acteurs à réfléchir sur la notion de nouvel habitat de logement social. Cela se pratique déjà dans beaucoup d'agglomération et le résultat n'a rien à voir avec ce qu'était le mouvement HLM. Durabilité, types de matériaux utilisés, architecture, économies d'énergies, gestion à moyen et long terme, intégration dans l'environnement du quartier... tout ces éléments sont désormais à prendre en considération.
En ce qui concerne les nouvelles résidences, trente me parait un nombre limité. Mais si une trentaine de résidences de ce type peut être lancée, tant mieux. Cela dit, je pense qu'au bout d'une année, on aura beaucoup plus de témoignages.

La Loi SRU oblige les communes urbaines de plus de 3.500 habitants à construire un minimum de 20% de logements sociaux. Quel est l'impact auprès des municipalités réfractaires à cette nouvelle réglementation ?

M D : la Loi SRU oblige les communes qui n'ont pas ce pourcentage de logement sociaux à l'atteindre progressivement. Pour celles qui ne sont pas tout à fait au niveau de ce qu'on souhaite, nous allons mettre en place des plans locaux de l'habitat qui seront souvent communaux, mais parfois intercommunaux. A travers ces plans, les villes devront démontrer qu'elles ont la volonté de cheminer vers la mixité sociale. Les organismes sont là pour prouver aux villes que l'on peut construire ce type de mixité et nous devrions progressivement arriver à ce chiffre.

A vos yeux, quelle ville démontre cette démarche vers ce que vous appelez le Nouvel Habitat ?

M D : Je suis allé récemment à St Nazaire, une ville qui dispose déjà de plus de 20% de logements sociaux. J'y ai vu des réalisations situées près de la base sous-marine, un des grands enjeux urbain de la ville. Pour moi, ce sont des opérations merveilleusement intégrées.
Lors de cette visite, je me souviens d'une place où d'un coté il y avait un immeuble de logements social et de l'autre un immeuble privé. L'ensemble offrait une belle mixité autour de cette place. Il était d'ailleurs difficile de distinguer le privé du logement social.
Je ne conçoit pas cette démarche en termes de contraintes mais d'incitation, de dynamisme. Pour cela, je souhaite que les organismes de logements sociaux soit les inspirateurs des municipalités qui auraient du mal à se décider.

Quelle changement d'identité souhaitez-vous pour les HLM ?

M D : L'intitulé HLM est très connoté sur le plan historique. La construction de logement HLM a été un besoin dans les années 50, 60. A ce moment là, le HLM était un élément de modernité, d'intégration dans la ville pour des populations qui n'y habitaient pas ou qui venaient de l'extérieur.
Aujourd'hui, je suis plutôt porté vers une dénomination du type "Mouvement du Logement Social" qui est beaucoup plus large. Je l'utilise dans mon vocabulaire , dans ma manière de parler mais je ne sais pas s'il suscite l'adhésion de tout le monde. Pour l'heure, aucune décision n'est prise, il peut donc y avoir d'autres idées.

Les commissions d'enquêtes dans les zones inondées de la Somme montrent que tout le monde est responsable : les acteurs locaux comme les riverains. Quelles conséquences en tirez-vous ?

M D : Cette question est vraiment du ressort de la responsabilité de l'Etat.
Etant géographe d'origine, je suis frappé de voir qu'on a construit parfois dans des secteurs inondables. Peut-être inondables de façon décennales, deux fois dans le siècle mais dans des secteurs inondables tout de même ! Il a eu du côté de l'élu qui a signé le permis de construire, un peu de légèreté, c'est certain. Mais on retrouve de cette légèreté du coté de l'Etat, car tous ces dossiers ont été instruits par ses services.
Il doit y avoir concertation et réflexion à propos des secteurs susceptibles d'être. Prenons l'exemple d'un endroit, totalement inondé, que j'ai vu à la télévision. Ce lieu-dit s'appelait Les Marais. Pour tout ceux qui se sont un peu intéressés à la géographie, on sait qu'un lieu nommé ainsi est régulièrement inondable. Je suis donc surpris des décisions prises.

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