A l'occasion de leur rencontre annuelle, les entrepreneurs du gros oeuvre de la FFB ont placé leurs salariés au centre des débats en témoignant de la manière dont ils gèrent la dimension humaine au quotidien.

Humanisme ou inquiétude, face aux difficultés de recrutement ? Le discours des chefs d'entreprise réunis le 3 octobre à Villeurbanne semble osciller entre ces deux tendances : " Les femmes et les hommes qui travaillent au sein de nos entreprises en constituent la richesse ", a souligné, en préambule, Jacques Wermuth, président de l'Union de la maçonnerie et du gros oeuvre. Participaient au débat plusieurs chefs d'entreprises venus témoigner de leur conception du rôle primordial de leurs salariés.
Ainsi, Olivier Genis, chef d'une entreprise de gros oeuvre dans l'Isère, estime que " l'autoritarisme ne marche plus " et que " la motivation par l'argent a évolué, notamment à cause des 35 heures. " Selon lui, elle est désormais liée à la transparence et à la communication. L'argent reste cependant un facteur essentiel. Pour preuve, dans son entreprise, 80 % des salariés possèdent 25 % du capital. " Depuis la reprise, ils sont très soucieux du résultat de l'entreprise ", constate Olivier Genis.

La reconnaissance pour motivation

Selon Pierre Possémé, entrepreneur dans la Marne, la formation, la promotion interne et les travaux valorisants constituent autant de bons moyens de motiver les troupes. " Le salaire c'est une chose, mais il y a aussi le besoin de considération, qui s'exprime notamment par les investissements réalisés par le chef d'entreprise. Il faut donner à nos salariés de bons outils de travail, de bons équipements de protection individuelle et continuer à réduire la pénibilité du métier. On n'a pas le droit, aujourd'hui, d'user nos hommes en 20 ou 25 ans. Cela fait partie de notre responsabilité de chef d'entreprise. "
De son côté, Christian Crépin, président de l'Union des entrepreneurs d'enduits de façade, privilégie le partenariat avec ses salariés. " C'est une notion importante dans mon entreprise, où les gars travaillent en équipe, en petites structures. C'est à travers la qualité des hommes qu'on obtiendra la qualité du travail ", précise-t-il. Jouant le rôle du candide, Lionel Bellanger, maître de conférences à HEC, estime que " la qualité du travail est au coeur de l'entreprise ", mais pas seulement. La réussite passe également, selon lui, par une personnalisation du rapport entre l'entreprise et le client.
Georges Rigaud, chef d'entreprise à Paris, en sait quelque chose. Sa clientèle haut de gamme, spécialisée dans le luxe et la haute-couture, souhaite " un rapport personnalisé, un résultat et un délai, coûte que coûte. L'image de l'entreprise doit coller le mieux possible à ce type de clientèle. Le look et la disponibilité du dirigeant influent énormément sur la décision du client ", témoigne-t-il.

Le salarié fait l'image

Les intervenants s'accordent à dire que les salariés sont les vecteurs de l'image de l'entreprise. La première impression donnée au client est aussi primordiale que la dernière, celle qu'on laisse quand le chantier est terminée. Philippe Marguet, entrepreneur à Chalon sur Saône stigmatise " le petit détail qui tue " : par exemple, un tuyau d'arrosage sali, laissé comme tel à son propriétaire, et ce n'est pas la qualité du travail dont ce client se souviendra... Qualité, propreté, honnêteté, dialogue entre le salarié et le client constituent autant de bonnes pratiques à mettre en oeuvre pour donner la meilleure image de l'entreprise. Plus qu'une philosophie, une véritable éthique. Car, comme le rappelle Georges Rigaud, " il faut 5, 10 ou 15 ans pour faire la réputation d'une entreprise, et cela ne prend que 5, 10 ou 15 semaines pour la détruire. "

actionclactionfp