Ingénieur QHSE, ou HSE, responsable QSE, responsable qualité sécurité développement durable : un métier encore largement méconnu des jeunes. Et pourtant, dans l'optique d'opérer la "transition écologique", la majorité des grands groupes du BTP dépassent le stade de la prise de conscience pour enclencher des initiatives lancées par les directions générales. Décryptage.

Conception, construction et exploitation des ouvrages durables... Avec la nouvelle loi sur la Transition énergétique qui rend notamment obligatoire la rénovation énergétique, la démarche des grands groupes de BTP va dans ce sens. Et justement, à l'occasion du salon "Word Efficiency- Solutions pour les ressources et le climat" qui s'est tenu du 13 au 15 octobre 2015 à la Porte de Versailles à Paris, les métiers de l'environnement sont valorisés par les majors du bâtiment en France (Cf. encadré.)

 

"Aujourd'hui, effectivement, des grands groupes de BTP comme Bouygues, Vinci et Eiffage s'appuient sur une direction dédiée directement rattachée à la direction générale, et regroupant des entités dont celle de la direction Développement durable et qualité sécurité environnement (QSE), nous explique Cyril Lecacheur, directeur régional adjoint BTP du cabinet Hays Recrutement. Dans un contexte où l'on s'oriente de plus en plus vers des constructions européennes qui nécessitent des normes exigeantes les plus élevées comme LEED, BREEAM, HQE, ; des métiers dans le développement durable et QSE sont apparus dans le secteur." Tout en reconnaissant que ces métiers sont à la marge aujourd'hui.

 

En détails, l'ingénieur QHSE, ou encore appelé ingénieur HSE, responsable QSE ou responsable qualité sécurité développement durable, travaille exclusivement dans une entreprise générale. "Il est chargé de concevoir et de déployer la politique de l'entreprise en matière de qualité, d'hygiène, de sécurité et de conditions de travail et il peut également s'investir dans une démarche de certification", signale Cyril Lecacheur.

Des missions diverses

Ses missions sont diverses : définir les objectifs et le plan d'action annuel en matière de qualité (processus, norme ISO 9001) et de prévention des risques liés à l'environnement (ISO 14001), à la santé et à la sécurité (OHSAS 18001) et au développement durable (ISO 26000). Il est en charge également de la promotion de la politique QHSE auprès de la direction générale de l'entreprise afin d'obtenir des ressources dédiées (budgétaires, humaines, matérielles). "De plus, il anime et fédère un réseau d'acteurs relais (correspondants HSE, conducteurs de travaux, ingénieurs maintenance) capables d'animer la mise en œuvre de cette politique entre les départements (marketing, achats, études, opérations) et de façon opérationnelle sur les chantiers ou les exploitations (carrières, centrales à béton)", détaille le cabinet Hays.

 

Autres fonctions : il conseille les ingénieurs d'affaires sur la préparation des chantiers en amont des travaux : attribution des responsabilités, vérification des dispositifs de sécurité et de prévention des conditions de travail (PGCSPS, PPSPS), rédaction de notes techniques QHSE pour réponses à appels d'offres. Et il intervient en support sur les sites de production (chantiers, lignes/ateliers de production) pour former et accompagner le management opérationnel (conducteurs de travaux, responsables de production) dans l'application de la démarche.

Expérience significative

Par ailleurs, l'ingénieur est issu des écoles d'ingénieurs généralistes ou spécialisées dans le secteur de la construction (ESTP...), complétées par une spécialisation dans les domaines SPS ou QHSE ; de formations universitaires scientifique, technique, industrielle ou environnementale complétées par un 2e cycle (master) spécialisé dans le management environnemental, QSE ou QHSE ou encore d'un premier cycle universitaire (DUT, licence professionnelle...) spécialisé sur la thématique QHSE ou QSE.

 

"Dans le BTP, ce poste est plus souvent accessible après une expérience de trois à cinq ans dans les filières travaux, production ou dans les études techniques. L'accès à des postes de responsable QHSE s'obtient après une expérience d'au moins cinq ans dans la fonction QSE, HSE ou QHSE", détaille enfin Cyril Lecacheur. Le salaire de ce type de poste fluctue pour un jeune cadre entre 30 et 40 K euros annuel brut et entre 40 et 55 K euros annuel brut pour un cadre confirmé.

Une bonne capacité de négociation et de dialogue

Par ailleurs, Cyril Lecacheur nous précise que les bureaux d'études sont amenés à accompagner les maître d'ouvrages dans ce sens. "Ce sont des postes intégrés dans les bureaux d'études, ajoute-t-il. Ces ingénieurs du bâtiment dotés d'un Bac+5 et master environnemental qui doivent avoir une formation environnementale et juridique doivent s'assurer que le projet est faisable ou pas. Il faut ainsi une bonne capacité." Dans un contexte, où les projets sont de plus en plus confrontés à des recours, l'expertise environnementale est d'ores et déjà requise. A ce jour, une centaine de postes de ce type sont recensées en France. Un potientier à confirmer.

 

Témoignage de Fabrice Bonnifet, directeur Développement Durable & QSE (Qualité-Sécurité-Environnement) du groupe Bouygues interrogé à l'occasion du salon Wolrd Efficiency.
Fabrice Bonnifet directeur développement durable & QSE du groupe Bouygues
Fabrice Bonnifet directeur développement durable & QSE du groupe Bouygues © Isabelle Franciosa.
Quelles sont les solutions pour réduire l'impact sur les ressources et le climat que vous proposez et mettez en place aujourd'hui ?
Avant d'envisager de produire plus d'énergie, même renouvelable, il est indispensable de réduire les consommations de toute nature sans pour autant dégrader le confort d'usage, car les kW/h les moins chers sont ceux que l'on ne consomme pas. Bouygues a la chance de disposer en propre de plusieurs immeubles qu'il peut utiliser comme des laboratoires pour expérimenter les solutions bas-carbone qu'il propose ensuite à ses clients.

 

Pouvez-vous nous donner des exemples ?
Pour se constituer une vitrine de ses savoir-faire en la matière, Bouygues Construction a finalisé en 2014 la rénovation de son siège social Challenger, bâtiment de 65.000 m2, désormais à énergie positive et disposant de technologies avancées d'isolation (façade active triple peaux), de pilotage et de production d'énergie renouvelable (géothermie, solaire photovoltaïque et thermique), de traitement des eaux, de préservation de la biodiversité. Challenger a été récompensé par les standards les plus élevés du LEED®, BREEAM® et HQE®.

 

En parallèle de la construction de bâtiments neufs producteurs nets d'énergies renouvelables dont Bouygues est désormais l'un des meilleurs spécialistes dans le monde avec sa marque GreenOffice®, il convient prioritairement d'améliorer l'efficacité énergétique du parc existant car 75% des bâtiments actuels existeront encore en 2050.
Pour rappel : la nouvelle loi sur la transition énergétique va rendre obligatoire la rénovation énergétique, en conséquence Bouygues a développé des réponses concrètes en termes de solutions d'efficacité énergétique active (monitoring, capteurs…) et passive (isolation par l'extérieur…) ainsi que des dispositifs organisationnels qui permettent de réaliser des travaux en site occupé.

 

Si l'utilisateur final n'est pas impliqué dans l'utilisation responsable de son ouvrage, il est illusoire d'espérer maintenir des faibles consommations génératrices d'économie financière.

 

Quel(s) type(s) d'innovation(s) projetez-vous pour les années à venir ?
Aujourd'hui, les technologies numériques sont encore émergentes et il y a encore peu de bâtiments dits connectés, mais ils sont appelés à se développer de manière fulgurante. Notre filiale Losinger Marazzi a développé récemment avec l'Ecole Polytechnique de Lausanne 'Erlenapp', une application mobile à l'attention des habitants de l'éco quartier D'Erlenmatt, qui permet de gérer un ensemble de services dédiés au confort du bâtiment et à la vie sociale du quartier.

 

Pour innover, les entreprises du groupe Bouygues tissent des partenariats avec des grandes entreprises, mais également des TPE, PME, startups et le monde académique. C'est pourquoi nous avons rencontré des acteurs de l'innovation sur le salon World Efficiency.

 

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