Le Seimat voit dans 2012, une année mi-figue, mi-raisin : alors que le marché des matériels de BTP a progressé sur les 5 premiers mois, un ralentissement des commandes se fait sentir depuis mai. Le syndicat s'inquiète du climat d'incertitude et du resserrement des crédits qui empêchent les professionnels de réaliser les investissements nécessaires au renouvellement de leur parc de machines.

Jean-Marie Osdoit, le président du Seimat (Syndicat des entreprises internationales de matériels de travaux publics, mines, carrières, bâtiment et levage) est partagé : « L'année 2012 est une année où s'alternent le chaud et le froid ». Pour preuve, les chiffres de conjoncture annoncés vendredi 6 juillet sur le marché des matériels de BTP. S'il a continué sa progression sur les cinq premiers mois de l'année (+18 % en volume, +13 % en CA), avec près de 8.100 machines vendues contre 6.885 sur la même période en 2011, un ralentissement conséquent des commandes passées a été noté au cours du 1er semestre, de l'ordre de -25 %.

 

L'année avait pourtant bien débuté avec une croissance à deux chiffres sur la quasi-totalité des matériels, dans un marché euphorique. Les matériels de terrassement en particulier, profitaient du démarrage de grands chantiers : tombereaux articulés (+175 %) et niveleuses (+39 %), qui sont des marchés de niches de quelques dizaines de machines, mais également pelles sur chenilles (+23 %) et tracteurs chenillés (+20 %). Du côté des gammes compactes, les ventes de mini-pelles ont elles aussi fait un bond de +18 %, grâce à la forte demande des loueurs. Les ventes de chargeuses sur pneus de moins de 80 chevaux (+19 %) et de chargeuses compactes (+42 %) ont également bénéficié de cette demande. La gamme des chargeuses-pelleteuses, chargeuses sur pneus et pelles sur pneus a progressé de 5 % en un an. Quant à l'activité après-vente, le Seimat a noté une hausse sur le 1er semestre.

 

Patatras !
« Mais tout a changé avec le souffle financier et économique très fort qui balaye tout depuis deux mois », explique Jean-Marie Osdoit. Les membres du Seimat notent une érosion de l'activité et une baisse dans les commandes. « Finalement, pour l'ensemble de l'année 2012, nous estimons maintenant que nous sommes à mi-parcours, que le chiffre d'affaires devrait être équivalent à celui de 2011, malgré une baisse des volumes de l'ordre de -5 % ». Il n'y aurait donc pas d'écroulement des marchés mais un impact bien visible de la crise sur les économies qui pèserait sur la remontée des marchés. Les clients des entreprises du Seimat voient d'ailleurs leurs prévisions à la baisse : la FNTP anticipe une baisse du CA de 1 % en 2012, tandis que la FFB confirme la tendance baissière avec une activité à -1,9 %... Les autres organisations professionnelles envisagent des scénarios similaires, avec -1 % prévu par la Capeb, -1,5 % pour les cimentiers et -1 % pour l'UNPG. Pour la première fois, les fabricants notent une augmentation des impayés et des retards de paiement, malgré la LME (loi de modernisation de l'économie qui impose certaines conditions de règlement).

 

« Le Seimat lance donc un cri d'alarme auprès des pouvoirs publics sur l'enjeu des grands projets d'infrastructure et sur le financement des projets. Nous lançons également un cri à nos clients, afin de les inciter à ne pas arrêter leurs investissements qui vont engendrer un vieillissement de leur parc de matériel au-delà de 5 ans, avec un risque de surcoût associé », déclare le président du syndicat, qui poursuit : « Pour 2013, nous n'avons aucune visibilité ». Les fabricants devraient donc prendre des mesures de réduction des programmes de production, avec réduction des stocks aussi bien chez eux que chez les concessionnaires.

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