De plus en plus de Français choisissent d'acheter leur logement plutôt que de le louer, malgré la hausse constante des prix de l'immobilier, quitte à s'endetter sur des périodes parfois très longues.

En 2006, les prix de l'immobilier à l'achat devraient augmenter de 10% environ en 2006, après 12% en 2005, selon les estimations de plusieurs réseaux immobiliers. Pourtant, il y a de plus en plus de propriétaires en France. Ils sont aujourd'hui 57% à posséder leur résidence principale, un chiffre en constante augmentation depuis une dizaine d'années, selon les données de l'Insee.

Dans le même temps les prix de l'immobilier ont quasiment doublé. Dans les agences immobilières Century 21, on constate cette année que l'activité location «connaît un rythme moins soutenu que les années précédentes» avec un début de saison à peine frémissant en juin, au lieu d'un démarrage en mai habituellement, affirme Hervé Bléry, directeur général du réseau en France.

Pour les ménages français, «il est plus difficile de louer que d'acheter», ajoute-t-il. Sur les 12 derniers mois, le loyer moyen d'un trois pièces a augmenté de 3,35% à 653 euros quand le prix moyen du mètre carré à l'achat a progressé de près de 11%, selon les données récoltées par les agences immobilières du réseau Century 21.

Dans de nombreuses agglomérations, sauf dans les plus chères comme Paris, on peut s'offrir de plus grandes surfaces en achetant qu'en louant, à budget égal. Par exemple, à Toulouse, un ménage disposant de 800 euros par mois peut s'offrir à crédit un appartement de 79 mètres carrés alors qu'il ne peut louer que 69 m2 en moyenne, selon les chiffres du réseau. Les ménages sont rassurés par la perspective de mensualités de remboursement fixes, tandis que les loyers, eux, peuvent augmenter et sont dépensés «à fonds perdus».

Certains s'attendaient pourtant en début d'année à voir ces taux progresser et donc freiner la demande, en raison des trois hausses successives du taux directeur de la Banque centrale européenne, qui est passé de 2% à 2,75% ces derniers mois. «On a dit trop vite que les taux d'intérêt allaient augmenter», ce qui a effrayé les acheteurs fin 2005 début 2006, estime René Pallincourt, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) en soulignant que «les conditions de crédit sont encore exceptionnelles», autour de 4% sur 20 ans.

Même si les taux de crédit augmentent un peu, les ménages peuvent jouer sur un autre ressort: l'étalement de la durée du crédit, qui leur permet d'absorber la hausse du coût du prêt sans amputer leur budget mensuel. Selon les calculs d'une centrale immobilière, pour un taux à 4,25% plutôt qu'à 4% par exemple, il suffit d'allonger le crédit de 6 mois pour payer les mêmes mensualités. Les durées de crédit sont donc passées en moyenne de 18 à 19 ans entre juin 2005 et juin 2006, contre 15 ans il y a cinq ans.

Paradoxalement, la hausse des prix de l'immobilier a aussi pour conséquence de rajeunir les acheteurs. En Ile-de-France, ils représentent 25% des acheteurs contre 22% en 2001, car ils sont moins effrayés par l'idée de s'endetter à long terme que leurs aînés, «quitte à acheter des logements moins grands qu'ils ne le souhaiteraient», estime la chambre des Notaires franciliens.

Effet pervers, la désolvabilisation des ménages. En mai, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, indiquait que «par rapport à leur revenu disponible, l'endettement des ménages est passé de 49% en 1995 (...) à 64% en 2005», ce qu'il qualifiait de risque pour l'économie en cas de chute du marché.

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