A l'instar des plus grandes métropoles européennes, Lyon s'est lancée dans un immense chantier de réhabilitation de friches industrielles, qui pourrait lui permettre de doubler la surface de son centre-ville d'ici 2030.

Initié sous le mandat de Raymond Barre, à la fin des années 90, le projet «Lyon Confluence» concerne le sud de la presqu'île formée par le Rhône et la Saône, soit 150 hectares situés entre la gare de Perrache et le point de rencontre des deux fleuves.

La surface et la localisation du site rendent ce projet comparable à la rénovation des docks de Londres dans les années 80 et 90, à la mue entamée par le port de Hambourg (155 hectares) ou encore au chantier Paris-Rive-gauche (130 hectares). Quelque 7.000 personnes habitent déjà le quartier au sud de Perrache, mais l'ancien site portuaire du Port Rambaud, un marché d'intérêt national (MIN), une gare de triage, et d'autres bâtiments industriels occupent plus de la moitié de son espace.

Le projet consiste donc à réhabiliter 70 hectares de foncier, mais aussi à transformer les voies de communication et les lieux publics sur l'ensemble des 150 hectares. Pour ce faire la société d'économie mixte (SEM) créée en 1999 pour superviser le chantier a adopté une méthode progressive, abordant les problèmes un à un.

Depuis 2003, elle se consacre ainsi à une première zone de 41 hectares et aux voies de circulation. Cette première phase, correspondant à un investissement d'un milliard d'euros financés à 36% par des acteurs publics et à 64% par le privé, devrait être achevée en 2015. D'ores et déjà, certains entrepôts ont été démolis, une ligne de tramway a été prolongée pour atteindre le quartier, une voie de chemin de fer a été reconfigurée, la dépollution des sols a été entamée, etc.

Un musée des Confluences sur le thème «sciences et société», le futur bâtiment du conseil régional, une place nautique, ou encore des espaces verts devraient être mis en chantier cette année. Trois premiers lots de logements (dont 23% de logements sociaux), de bureaux et de commerces devraient par ailleurs être livrés dès 2009.

Le projet, porté par l'architecte urbaniste François Grether et l'architecte paysagiste Michel Desvigne, prévoit un entremêlement des bâtiments publics et privés pour éviter le «zonage» du quartier. Il fait également appel à un grand nombre d'architectes, aux concepts très variés, avec la présence de grandes signatures comme celle de l'Italien Massimiliano Fuksas ou de l'agence d'architecture Odile Decq, Benoît Cornette (ODBC).

A terme, en 2030, il est prévu que 25.000 personnes vivent dans «Lyon Confluence» et qu'autant y travaillent. Mais le succès du projet est en partie conditionné par l'évolution du plan de circulation de l'agglomération lyonnaise. Le quartier est en effet coupé du centre-ville par la gare de Perrache, mais surtout par un échangeur, où passent le métro, le tramway et surtout l'autoroute.

Un projet de contournement autoroutier passant par l'ouest du Grand Lyon a bien été approuvé par l'Etat, mais il rencontre de nombreux opposants et reste au stade de la concertation. Or, seule sa réalisation permettrait de déclasser la partie de l'autoroute A6 qui passe le long du Rhône et de faire sauter le verrou constitué par l'échangeur de Perrache. Sans ce contournement, le nouveau quartier, aussi réussi soit-il sur le plan architectural, restera coupé du centre-ville.

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