Mercredi 21 novembre, la SNCF va inaugurer le nouvel espace Transilien de la Gare du Nord à Paris. Orchestré par l'architecte Jean-Marie Duthilleul et le bureau d'études AREP, ce projet s'inscrit dans la continuité des couvertures de la gare d'Hitorff avec une double halle, en verre et métal, entièrement transparente.

"Nous avons repris la musique d'Hitorff" explique l'architecte Jean-Marie Duthilleul en présentant son projet la veille de l'inauguration officielle. La gare du Nord, qui devient la première gare d'Europe et la 3e du monde, est donc désormais composée d'une double halle. La première halle existante a simplement été réhabilitée tandis que la deuxième (le projet de Duthilleul) reprend le gabarit en utilisant un vocabulaire contemporain.

Ces couvertures respectent la trame initiale de la gare, à savoir une trame de 10 mètres dans le sens Nord-Sud et de 3,87 mètres dans le sens Est-Oust. Elles s'inscrivent ainsi dans le site en restituant à l'extérieur le volume des halles d'origine et prolongent ainsi, avec naturel, la façade monumentale de la gare du Nord.

La double halle, en verre et en métal, abrite un espace lumineux qui s'articule sur une trémie centrale et permet, sur 5 niveaux superposés, d'accéder aux différents modes de transports. "Le soleil tombe partout, y compris jusqu'au deuxième sous-sol " explique Jean-Marie Duthilleul en présentant cet espace d'environ 100 mètres sur 100. "Nous avons changé la focale de nos contemporains : au lieu de regarder leurs pieds, maintenant ils lèvent les yeux " ajoute-t-il.

Transparence toujours, mais à l'horizontale cette fois avec une façade vitrée sérigraphiée qui crée un lien entre les immeubles haussmaniens de la rue (qui font office de seuil de la gare), et la gare routière, située dans la cour arrière.

A l'intérieur, "notre travail a consisté à simplifier les cheminements dans ce dédale d'infrastructure" souligne Jean-Marie Duthilleul. Le traitement des parois est en béton architectonique, tandis que les dalles sont en béton léger, lisser et clair. Les poteaux de structure mixte sont en acier et béton haute résistance. Enfin, le sol est en pierre reconstituée claire.

Pour une plus grande lisibilité, les différents modes de transports sont visibles depuis la salle d'échanges et sont signifiés par un traitement des seuils ; carrelage sur les murs pour l'accès au métro, traitement des poutres et de poteaux par un enduit rouge pour l'accès à la mezzanine RER et sas acoustique en bois pour l'accès au nouveau RER E.

Enfin, un aspect moins spectaculaire mérite néanmoins d'être signalé : la transformation des espaces dédiés à la technique créé dans les années 70. "Nous avons nettoyé ce site de tous ses tuyaux pour lui redonner une lisibilité et une clarté contemporaine" explique l'architecte. Ainsi, la nouvelle organisation de l'espace, avec ce déplacement des principaux locaux techniques, permet une architecture de réseaux où tout les équipements techniques sont invisibles. Ils ne déprécient donc pas les volumes, mais surtout, ils ne gêneront pas les évolutions ultérieures des espaces publics.

J-P Defawe et E Vicarini

Maîtrise d'ouvrage : SNCF (direction des gares, direction Ile-de-France)
Maîtrise d'ouvrage déléguée : SNCF (direction de Paris Nord)
Architectes : Agence des gares, Jean-Marie Duthilleul, Etienne Tricaud, Daniel Claris
BET : AREP (mandataire, Joëlle Deson, architecte), OTH, Nicolas Green (verrières), Observatoire 1 (éclairage)
Direction des travaux : SNCF-EVEN, Paris Nord
Début des études : 1997
Fin des travaux : novembre 2001

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