Selon l'Observatoire des loyers Clameur, les huit premiers mois de 2012 confirment le net ralentissement de la progression des loyers de marché observé depuis 2006, en affichant une hausse de 1,2%, soit inférieure à l'inflation (+1,9%). Les prix grimpent légèrement, bien moins qu'avant, voire baissent dans de plus en plus de villes.

En plein débat sur la mise en place de l'encadrement des loyers, cette nouvelle semble incongrue, voire provocatrice. Mais cela n'est pas du tout la volonté affichée de l'Observatoire Clameur, qui étudie les loyers depuis 1998. Il s'agit plutôt de replacer le débat dans son contexte, est-il expliqué. Certes, le niveau des loyers est haut, mais la situation n'est pas la même partout, loin s'en faut. Comparer la situation en région Ile de France par exemple, à celle d'une ville de province, n'est pas pertinent. D'autre part, Clameur constate un net retournement du marché locatif en 2006-2007. Retournement qui n'est pas sans conséquence sur la pertinence de la période de référence choisie (2002-2012) dans le décret d'encadrement des loyers, explique Clameur (voir en page 2)...

 

Michel Mouillart, professeur d'économie et auteur de l'étude explique : "Entre 2002 et 2007, la progression des loyers dans le parc privé était de +3.2% par an. Mais depuis, elle s'est nettement ralentie, affichant en moyenne +1,5% de hausse chaque année ; entre 1998 (création de l'observatoire) et 2006, elle était de +4.1%" Et d'ajouter : "En 2012, la tendance se confirme : la hausse est de +1,2% en 2012 (contre +1.6% en 2011) et donc, inférieure à l'inflation (+1,9%)" et restera sans doute inférieure à 1,5% sur l'ensemble de l'année (voir infographie de Clameur ci-contre).

 

Les loyers baissent dans de plus en plus de villes
"Plus les loyers ralentissent, plus le pourcentage des villes dans lesquelles les loyers baissent augmentent" explique Michel Mouillart. Ainsi, en 2012, les loyers de marché baissent dans 33.7% des villes de plus de 10.000 habitants. Dans les vingt premières villes de plus de 146.000 habitants (cf. diaporama), "la hausse est supérieure à l'inflation dans 15% des cas - à Toulon, Brest et Paris - inférieure à l'inflation dans 55% des cas - Nice, Strasbourg, Nantes, Bordeaux ou encore Toulouse, par exemple - et baisse dans 30% des cas - à Marseille, Dijon, Saint-Etienne, le Mans, Rennes et Angers" est-il observé.

[SOMMAIRE]Des disparités entre les surfaces et les situations

Depuis le début de l'année 2012, le loyer moyen au m2 s'établit à 12,6€. Mais la différence des moyennes par types de logements est flagrante : avec 16.8€/m2 pour les studios et une pièce - "les loyers stagnent pour les petits logements", précise Clameur ; 12.8€/m2 pour les deux pièces ; 10.6€/m2 pour les 3 pièces ; 9.5€/m2 pour les quatre pièces ; et 9.3% € pour les cinq pièces et plus. Et la diversité des situations selon les régions l'est tout autant : 8,6€/m2 pour les moins chères Auvergne, Limousin et Franche-Comté contre 18,5€/m2 pour la plus chère, l'Île-de-France.
Dans un contexte morose depuis le début de la crise de la dette souveraine, d'activité en repli, "le recul de la mobilité est sensible en 2012 (-2.2%)". Plus important encore, souligne Clameur, l'effort d'amélioration et d'entretien "fléchit dangereusement", alors que "la réalisation de travaux permet aux bailleurs de répondre aux exigences de qualité de la demande et atténue le risque de vacance prolongée des biens remis sur le marché." Sans compter que cela n'est pas sans conséquence sur l'activité économique dans le secteur de l'artisanat du bâtiment...

 

Des données de première importance à intégrer dans la réflexion actuelle, explique Clameur, alors qu'un observatoire des loyers public est envisagé par la Ministre du logement et qu'une loi, prévoyant l'extension de l'encadrement à l'ensemble de la France, est en préparation pour le 1er semestre 2013. "Clameur est un indice de qualité, gratuit, sérieux et fiable. Nous sommes prêts et nous l'avons dit au Gouvernement : nous sommes à sa disposition" a ainsi martelé Jean Perrin, actuel président de Clameur et par ailleurs, président de l'UNPI (Union Nationale de la Propriété Immobilière).

 

L'encadrement des loyers ne prendrait pas en compte la bonne période, la suite de l'article en page 2

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