Le groupe français d'appareillage électrique Legrand, qui se dit "d'attaque" après une année 2001 difficile, marquée par une chute de 25% de son bénéfice net, a revendiqué lundi un droit de regard "légitime" sur les modalités de sa séparation de sa maison-mère hexagonale Schneider Electric.

Cette séparation est obligatoire depuis que la Commission européenne a interdit en octobre la fusion entre les deux concurrents français. Avant la décision de la Commission, Schneider Electric avait acquis 98% du capital de Legrand, l'été dernier, lors d'une offre publique d'échange (OPE).

"S'il appartient à Schneider Electric de décider (ndlr: des modalités de cession ou scission de sa filiale Legrand), il est tout à fait légitime, étant donné l'importance de cette décision, que nous marquions des préférences", a indiqué le PDG de Legrand, François Grappotte, lors d'une conférence de presse.

M. Grappotte est toutefois resté volontairement flou sur ses voeux, refusant de se prononcer clairement en faveur de tel ou tel scénario de séparation car "c'est le vendeur (ndlr: Schneider Electric) qui décide et qui pilote".

Le PDG a seulement affirmé qu'il fallait que "la solution retenue préserve ce ressort fondamental qu'est l'adhésion du personnel" à la stratégie du groupe, afin de "permettre un retour de Legrand à une force autonome de développement", source de croissance.

La Commission européenne a laissé à Schneider le choix de la forme juridique de sa séparation de Legrand, mais a exclu une vente "par appartement" de sa filiale. Le propriétaire doit céder les actifs de Legrand "en un seul bloc" et ne pourra pas conserver une participation supérieure à 5% du capital.

Schneider peut ainsi soit vendre ses 98% à un tiers, qui devra être approuvé par la Commission, soit réintroduire les actions Legrand qu'il détient sur le marché boursier. De nombreux analystes estiment que Schneider optera pour une vente à un autre groupe industriel, option qui lui fournirait de l'argent frais pour d'éventuelles acquisitions.

Parmi les candidats potentiels à la reprise de Legrand figurent le géant américain diversifié General Electric, le groupe électrotechnique allemand Siemens, ainsi que de nombreux groupes financiers, comme le consortium formé par CVC Capital Partners et Paribas Affaires Industrielles (PAI). Début décembre, le PDG de Legrand s'était prononcé contre la cession de son groupe à un concurrent étranger et avait clairement indiqué sa préférence pour une scission, jugeant cette solution "la mieux adaptée" pour que "Legrand recouvre son indépendance".

Réorganisé depuis le veto européen, Legrand s'estime "d'attaque et en ordre de marche", après une année 2001 qui "n'a pas été de tout repos" avec la fusion avortée et la déprime économique, a résumé M. Grappotte, lundi.

Le groupe a engrangé en 2001 un bénéfice net limité à 176 millions d'euros, un résultat opérationnel en recul de 4,6% à 437 M EUR, un excédent brut d'exploitation en hausse de 0,3% à 625 M EUR et un chiffre d'affaires en progression de 10,6%, à 3,096 milliards d'euros (-1,6% à données constantes). La dette nette a diminué de 9,1%, à 1,392 md EUR. En raison du ralentissement, les effectifs ont été réduits de 3% et des usines fermées. "Dans un contexte conjoncturel difficile, Legrand a continué de générer du cash et est tout à fait en bonne santé sur le plan financier", s'est félicité son vice-Pdg, Olivier Bazil.

Quoi que décide Schneider, M. Grappotte a espéré un dénouement rapide car "plus cette période d'incertitude sera brève, mieux cela sera pour tout le monde".

actionclactionfp