Batiactu : Avez-vous un autre axe pour relancer l'activité ?
Jacques Chanut :
Oui, la commande publique. On a aujourd'hui le sentiment que dans ce contexte post-électoral, les élus des collectivités locales sur-réagissent par rapport aux annonces de baisse des dotations de l'Etat. On ne peut pas raisonner on/off ! Ce n'est pas parce qu'il va y avoir des baisses de dotations que la totalité des investissements doivent s'arrêter. L'Etat n'est pas le seul contributeur aux investissements, et il ne faudrait pas que ce devienne un prétexte pour ne plus en faire. Nous serons très vigilants sur ce sujet pour mettre les élus face à leurs responsabilités. On ne construit pas pour soutenir l'activité du bâtiment, on construit car il y a des besoins ! Que je sache, les besoins n'ont pas baissé de 11% (baisse des dotations de l'Etat, Ndlr) entre l'an dernier et cette année, ils auraient même plutôt augmenté. C'est donc le rôle des collectivités de trouver des modèles de financement économiques différents, de faire des choix d'investissement… Il y a des difficultés, on s'adapte. Mais l'investissement productif n'est jamais une dépense inutile.

 

Batiactu : La relance du marché est votre ligne directrice. Voyez-vous d'autres contraintes qui pourraient être un frein à celle-ci ?
Jacques Chanut :
Oui, et je reste là dans la continuité de ce qui a été fait. Notamment sur le thème de la concurrence déloyale et de l'auto-entrepreneur, qui n'est pas un dossier clos. Tant qu'il y aura un écart concurrentiel entre un auto-entrepreneur et un artisan, ce ne sera pas acceptable. Il y a eu un rééquilibrage, mais il n'est pas total. Ne pas payer de TVA sur des heures travaillées, j'appelle ça du 'black'. En plus, l'activité secondaire est quelque chose d'inacceptable pour nous, c'est pourquoi on maintient que le bâtiment doit sortir du champ du statut de l'auto-entreprenariat. C'est pour notre secteur une dévalorisation sur la technicité, sur la responsabilisation de l'acte de construire. On n'est pas un métier de bricoleur ! Nous ne combattons pas le régime, nous redisons juste qu'il n'est pas adapté au bâtiment.

 

Batiactu : Du coup, les mesures sur le travail détaché vous satisfont-elles ?
Jacques Chanut :
Là aussi, il y a eu des avancées. On est dans l'attente de l'efficacité des mesures adoptées en Commission mixte paritaire le jeudi 5 juin et de leur mise en application. Je reste persuadé qu'il sera très difficile de pister la fraude. Car c'est bien la fraude au détachement que l'on combat et pas le travailleur détaché, contrairement aux raccourcis qui ont été faits. C'est très différent. Le détachement existe, c'est une loi et on la respecte, on combat ceux qui trichent. En revanche, la fraude n'est pas simple à pister, notamment celle au nombre d'heures. Il faut une réelle volonté pour cibler au mieux les entreprises qui fraudent, et notre crainte c'est de voir s'installer ce système comme un modèle économique et de voir balayer tout notre secteur sur la prévention, la prévoyance, la retraite, les couvertures sociales, les congés payés… C'est vraiment perdant-perdant pour l'Etat, pour les entreprises, pour le savoir-faire, pour la valeur ajoutée des entreprises. Nous comptons sur les contrôles, et la responsabilisation des maîtres d'ouvrage incluse dans la loi Savary est une bonne chose.

 

Suite et fin en page 3

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