Le béton de chanvre est un isolant constitué de fibres de chanvre et d'un liant, la chaux Enveloppe aérienne. Il est projeté dans l'épaisseur de l'ossature bois sur une profondeur variant de 23 à 30 cm selon les faces. Isolant auto-stable, totalement rigide après séchage, il reçoit un enduit de finition à la chaux. Le développement de la filière chanvre pour le bâtiment est aujourd'hui très dynamique, et met en avant autant les qualités intrinsèques du matériau que l'importante production de chanvre sur l'ensemble du territoire (la production française représente aujourd'hui 50% de la production européenne).
Le chanvre mis en œuvre rue pour ce projet est issu de la chanvrière de l'Aube. La chaux provient d'un calcaire extrait en Isère près de Grenoble puis transformée et formulée à Besançon avant d'être acheminée sur le chantier et mélangée au chanvre. L'assemblage de ces deux matières premières, l'une fragment de sol, l'autre produit du sol, génère un matériau dont l'empreinte carbone est très faible. Au-delà d'être un matériau local faiblement émissif de carbone, le béton de chanvre joue le rôle d'un véritable régulateur hygrothermique. D'une grande capacité hygroscopique, le béton de chanvre peut ainsi capter la vapeur d'eau qui le traverse et se condense dans l'épaisseur du mur, en hiver. Plutôt que d'être problématique comme c'est le cas dans une construction dite traditionnelle, la chaleur latente libérée par le changement d'état de l'eau provoque un échauffement de la face intérieure du mur. Ce phénomène est inversé en été, permettant de rafraîchir la face intérieure du mur.
L'enveloppe résulte de cette idée d'assemblage en déroulant ces principes de mise en forme de la matière sur toute la périphérie du projet. L'enveloppe est homogène et continue, elle se déplie et se déploie, en s'adaptant au développé de façade. Relativement fine, puisqu'elle varie de 25 cm à 32 cm d'épaisseur, la paroi constitue néanmoins une épaisseur d'isolant conséquente. La complémentarité des matériaux, aussi hétérogènes soient-ils, produit une grande cohérence du complexe de façade pour atteindre une performance d'ensemble élevée. Pour Thibaut Barrault et Cyril Pressacco, "le projet tire le meilleur parti du béton de chanvre pour assurer le confort d'été par un apport conséquent d'inertie et en confort d'hiver par une élévation des températures de parois en chanvre".
La production de chaleur est assurée par une chaudière collective gaz. La part d'ENR réglementaire dans le cadre du Plan climat Ville de Paris est produite par un système passif de récupération de chaleur sur les eaux grises. La consommation conventionnelle d'énergie primaire (CEP) est égale à 47,1 kWheep/m2.an, le coefficient Bbio est de 45,5 kWhm2.an.
"Une limite a été franchie concernant l'acceptabilité des projets" V.Lavergne (architecte)
