Le plus grand quartier d'affaires de France vieillit : ses infrastructures, presque cinquantenaires, nécessitent une importante modernisation. Mais qui réglera la facture, qui pourrait dépasser les 350 millions d'euros ? Eléments de réponse.

Le quartier de la Défense est vieillissant : construit sur une vaste dalle piétonne surplombant les voies de circulation (boulevard circulaire, voies de desserte, gare routière, ligne 1 du métro et RER A), la rénovation apparaît comme impérieuse après plus de 40 années d'exploitation. Le coût de toutes les opérations de réfection pourrait être particulièrement élevé : 350 M€ au bas mot, selon un rapport de la Cour des Comptes, publié au mois de février 2015. Ce document pointait déjà "la question de la prise en charge financière de la remise en état des équipements du site" comme n'étant "pas encore résolue".

Une gouvernance bicéphale

Car, depuis 2008, le quartier d'affaires est géré par deux organismes publiques : l'Epadesa, d'une part, qui représente l'Etat et s'occupe de l'aménagement du territoire (construction), et Defacto d'autre part, issu des collectivités locales (département des Hauts-de-Seine, communes de Courbevoie et Puteaux), qui se charge de l'entretien des espaces publics et de leur animation. Une organisation ambigüe qui serait à l'origine de nombreux différends. La première entité intervient sur deux zones dissemblables (La Défense et la zone Seine-Arche, plus à l'ouest) et se finance en cédant des droits à construire à des investisseurs bâtissant des immeubles de bureaux ou de logements. La seconde, en revanche, n'intervient que sur le quartier proprement dit et se finance à la fois grâce au conseil départemental et aux deux villes sur lesquelles il est implanté, ainsi que par des redevances de parkings et des locations d'espaces publics pour des animations.

Un rapport d'ici à juillet

Comme aucun de ces deux acteurs ne semble en mesure de financer les futurs chantiers de réfection, le préfet de région a été chargé par le Premier ministre de rédiger un rapport sur la question. S'exprimant devant les maires d'Île-de-France réunis en congrès au mois d'avril dernier, Manuel Valls n'avait pas mâché ses mots : "La Défense est confrontée aujourd'hui à une crise de son modèle économique qui met en cause son avenir. (…) Le moment est venu de réexaminer son développement et sa gouvernance pour lui donner les moyens de conforter sa position, en lien avec les autres quartiers d'affaires du Grand Paris". Le préfet, qui doit remettre le document d'ici à l'été, a été mandaté pour trouver un nouveau modèle économique, développer une vision stratégique à long terme ainsi qu'un plan de financement adapté. Déjà, les communes dont la richesse s'est faite sur la prospérité du quartier s'inquiètent de devoir mettre la main au portefeuille, notamment pour pouvoir accueillir la ligne 15 du Grand Paris Express.

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