Le tribunal de grande instance de Paris a donné son feu vert pour détruire l'immeuble du célèbre architecte Paul Chemetov à Courcouronnes (Essonne). Il a souligné que l'opération était "légitime et proportionnée". Reste que l'architecte ne compte pas en rester là. Explications.

Le tribunal de grande instance de Paris a tranché. Malgré de nombreuses protestations du milieu de l'architecture, l'immeuble de Paul Chemetov à Courcouronnes, datant de 1984, pourrait finalement être détruit d'ici à la fin de l'été.

 

La justice a estimé que si le bâtiment est "une œuvre de l'esprit protégeable au titre du droit d'auteur" (..) sa démolition est "légitime et proportionnée au regard du droit moral de l'architecte", s'agissant "d'un immeuble à vocation utilitaire et non pas purement esthétique". Les juges ont également indiqué que le bâtiment était "un verrou" qui enclave le quartier, "brise la perspective" et "n'assure plus des conditions de vie sereines à ses habitants" face à la hausse du trafic de drogue et des incivilités dans les parties communes. Cette décision a réjoui Francis Chouat et Stéphane Beaudet, respectivement président et vice-président de la la communauté d'agglomération Evry Centre Essonne (CAECE) : cela "va permettre de lancer une vaste politique de rénovation dont les premiers bénéficiaires seront les habitants", ont-ils indiqué dans un communiqué. De son côté, l'architecte ne compte pas en rester là, et prévoit de saisir la cour d'appel de Paris pour réaffirmer qu'il n'est "pas nécessaire de détruire" le bâtiment, celui-ci pouvant "être transformé pour les besoins du projet". L'affaire pourrait donc se poursuivre…

 

Le droit d'auteur, un argument...
Pour rappel, un éco-quartier de 850 logements devrait voir le jour en lieu et place de cette résidence, mais le projet avait été bloqué jusqu'à maintenant. Paul Chemetov avait déposé un référé pour demander au TGI de Paris de surseoir "au nom du droit d'auteur" à cette démolition, alors qu'un collectif d'architectes, dont font partie Jean Nouvel et Dominique Perrault, avait, l'été dernier, signé une pétition intitulée "Faut-il démolir le patrimoine du 20e siècle?". En mars 2012, le conseil de l'ordre des architectes avait envoyé une missive au ministre de la Culture et de la Communication de l'époque, Frédéric Mitterrand, mentionnant plusieurs œuvres architecturales menacées en raison de travaux de rénovation et d'extension - dont celui de Paul Chemetov à Courcouronnes, ndlr - et d'informer le ministre sur le respect du droit moral des Architectes.

 

actionclactionfp