HABITAT INDIGNE. De retour à Marseille deux mois après l'effondrement de deux immeubles ayant causé la mort de 8 personnes, le ministre du Logement Julien Denormandie a appelé à préparer la rénovation du centre-ville, et s'est confronté au chantier encore titanesque du relogement des évacués.

Après le drame de Marseille, des évacuations et des arrêtés de péril, "il faut maintenant penser à la rénovation du centre-ville", a déclaré ce mardi le ministre Denormandie en conférence de presse à Marseille.

 

Lors d'un précédent déplacement dans la cité phocéenne, le ministre avait déjà annoncé une enveloppe de 240 millions d'euros alloués à la rénovation des îlots dégradés du centre-ville, par le biais de l'Agence nationale de l'habitat (Anah). L'Agence nationale de renouvellement urbain (Anru) sera également mise à contribution, et se voit dotée de 50 millions d'euros, comme l'a annoncé Julien Denormandie ce matin. "L'Anru est aussi mobilisée pour la rénovation du centre de Marseille. Pour que les projets soient définis pour la fin 2019, nous ferons dès l'été un point sur cette programmation", a-t-il précisé. Ces procédures seront accélérées par la création d'un partenariat Etat-commune et une société d'aménagement ad hoc, à laquelle s'ajoutera la métropole Aix-Marseille.

 

Avant de mener ces opérations, le Centre scientifique et technique du bâtiment aura pour tâche de cartographier les îlots les plus impactés, de manière à ce que "les îlots à requalifier dans le grand centre de Marseille le soient durablement", a ajouté Julien Denormandie.

 

500 personnes relogées

 

Mais pour le "Collectif du 5 Novembre - Noailles en colère" qui regroupe les délogés du centre-ville marseillais, la politique de requalification "est totalement sous-évaluée et mal anticipée". Et de se référer à la récente proposition de la Fondation Abbé Pierre de rénover 4.000 logements indignes par an, difficilement atteignable au vu des moyens alloués : "signal positif (...) mais encore insuffisants". Ils se questionnent également sur l'identité future de l'ancien quartier populaire, après sa rénovation tout en appelant à "des mesures concrètes (qui) peuvent être prises en intervenant sur le PLUI en cours de concertation et qui se fixe des objectifs contraires aux nôtres sur la création de logements sociaux".

 

Au cours de sa visite de deux jours, Julien Denormandie a confirmé les chiffres des relogements annoncés plus tôt par le maire Jean-Claude Gaudin. Sur plus de 2.000 personnes évacuées depuis le 5 novembre dernier, 500 personnes ont été relogées parmi lesquelles 129 ont accédé à un nouveau logement. La mairie de Marseille a par ailleurs annoncé la disponibilité de 75 logements sur la rue de la République, non loin du quartier Noailles. Des logements qui ne risquent pas de convenir à tous les sinistrés encore hébergés en hôtel, puisqu'il s'agit principalement de studios ou de deux pièces. "Il faut des solutions plus en phase avec les besoins des sinistrés", a concédé le ministre Denormandie.

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