Mercredi sera une journée décisive pour Newco, futur numéro un mondial de l'acier, qui attend à la fois le feu vert de la Commission européenne et la fixation des parités de fusion entre ses trois parrains, le groupe français Usinor, le luxembourgeois Arbed et l'espagnol Aceralia.

Les deux décisions ne sont pas liées. Bruxelles a examiné le projet initial sans tenir compte d'un éventuel changement des parités de fusion arrêtées en février avant la présentation du projet à la Commission européenne, a-t-on indiqué de source européenne.

Cette répartition du capital devait être confirmée par l'offre publique d'échange (OPE) dont le lancement est prévu le 13 décembre. Aceralia l'a brutalement remise en cause vendredi dernier en mettant en avant la meilleure rentabilité obtenue en 2001 par rapport à celle de ses deux partenaires.

Les conseils d'administration des trois sidérurgistes se réuniront séparément mercredi à Madrid, Luxembourg et Paris pour examiner les demandes d'Aceralia. Leurs conclusions doivent être communiquées dans la journée.

Le projet initial prévoit que les actionnaires d'Usinor détiennent 56,5% du capital de Newco, ceux d'Arbed 23,4% et ceux d'Aceralia 20,1%, hors participations croisées et actions d'autocontrôle.

Si les termes de la fusion devaient être modifiés, c'est l'économie générale de Newco qui risque d'être affectée au détriment d'Usinor, qui doit fait face à un "front commun" entre Aceralia et Arbed.

Ce dernier, qui détient 35% du sidérurgiste espagnol, bénéficierait indirectement d'un changement des parités.

Un porte-parole d'Usinor a confirmé mardi qu'un travail de débroussaillage technique du dossier avait été effectué en amont. Dans le même temps, il a souligné que "rien n'est encore figé", balayant les rumeurs selon lesquelles les trois partenaires étaient proches d'un accord.

Trois scénarios sont évoqués par les analystes, qui excluent toutefois le "scénario catastrophe" d'une rupture se soldant par l'abandon pur et simple de Newco, dont ils reconnaissent l'intérêt industriel sur un marché de l'acier très déprimé. Le mariage des trois européens dégagerait des synergies qui conforteraient leur rentabilité.

Le premier scénario table sur le statu quo: les parités prévues resteraient alors inchangées, Usinor parvenant à contenir l'offensive de dernière minute d'Aceralia. Les rapports difficiles entre les deux groupes restent marqués par la tentative manquée d'Usinor de prendre le contrôle d'Aceralia en 1997.

Le deuxième scénario évoque une modification des parités, sans que la part d'Usinor tombe au-dessous des 51% du capital, qui lui assurent à la fois le contrôle majoritaire de Newco et le rôle d'opérateur industriel.

Le troisième scénario se traduirait par le versement par le groupe français, en une seule fois, d'une soulte aux actionnaires d'Aceralia, dont le montant reste à déterminer.

Aceralia a affiché au 1er semestre 2001 un bénéfice net consolidé de 151,1 M EUR, en hausse de 1,3% sur un an. Arbed a enregistré sur la même période un bénéfice net part du groupe de 87,8 M EUR, trois fois moins important que les 254,5 M EUR de l'année précédente. Usinor a vu pour sa part son bénéfice net p/g divisé par sept à 67 M EUR et attend des pertes au 2ème semestre 2001.

Selon les premières indiscrétions parues dans la presse, Bruxelles devrait accorder mercredi son feu vert à Newco, qui deviendra numéro un mondial de l'acier avec un chiffre d'affaires d'environ 30 milliards d'euros et 110.000 salariés.

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