ÉTUDE. La Fédération des promoteurs immobiliers a interrogé les jeunes sur leur relation à la propriété en général et l'immobilier neuf en particulier. Il en ressort une démarche "traditionnelle" d'acquisition du logement, avec des critères de choix plutôt "classiques", toutefois chamboulés par la crise sanitaire.

Interroger les 18-34 ans sur leurs attentes en matière d'immobilier résidentiel pour dépasser "les clichés sur cette nouvelle génération". Des clichés souvent contradictoires puisque cette génération serait "à la fois militante et individualiste, écologiste et consumériste, ouverte aux expériences collectives et enfermée dans le digital". C'est l'objectif de l'étude initiée par la FPI et menée par le cabinet Deloitte, dont les résultats sont publiés le 10 décembre (l'étude en intégralité à la fin de l'article).

 

"Nous vivons une période troublée de transformations", explique Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI, contactée par Batiactu. "Au regard des révolutions numérique et environnementale, les comportements et les attentes évoluent, sur le logement neuf notamment. Les jeunes sont l'une des trois grandes catégories de clients pour les promoteurs, avec les actifs en famille et les seniors. Les millenials ont pu montrer une typicité différente d'attentes envers le logement, que nous voulions connaitre davantage. C'est ce qui m'a conduit à lancer cette initiative. Par-dessus cela, la crise nous a conduit à réinterroger le panel durant la pandémie pour étudier l'évolution potentielle".

 

Les deux enseignements de l'étude

 

De cette étude, la FPI tire deux enseignements principaux. D'une part, les transformations sociales "ne sont jamais aussi rapides qu'on l'imagine", au point que "les facteurs de continuité semblent largement prévaloir". Les jeunes plébiscitent la propriété, dans ses formes les plus classiques, et souhaitent majoritairement habiter un logement neuf, dont la qualité et la vertu environnementale séduisent.

 

D'autre part, "des indices montrent que cette génération invente maintenant ses propres codes, dans un monde dont elle perçoit clairement les menaces économiques, climatiques, sécuritaires et sanitaires". Dans ce contexte troublé, elle affirme, d'après l'étude, "deux valeurs clés : la conscience environnementale et l'ouverture aux autres".

 

Des jeunes aux valeurs très classiques quant à l'accession à la propriété

 

Au chapitre de la continuité, le fait le plus notable est l'attachement "classique" à la propriété des jeunes générations. "La contrainte économique et le besoin de sécurité sont des points récurrents quand on interroge les attentes de nos clients", dévoile Alexandra François-Cuxac. "Ils restent les deux points qui ont orienté les réponses dans un sens classique". En effet, les jeunes interrogés plébiscitent la propriété complète, qu'elle soit immédiate ou progressive (type location avec option d'achat), "alors même que certaines solutions innovantes pourraient alléger le budget des jeunes, qui est une de leurs contraintes principales", relève la présidente de la FPI.

 

Ces solutions alternatives sont variées : location à vie, propriété partagée ou coopérative, propriété démembrée, propriété à temps limité… "Nous devons faire des progrès dans la sensibilisation à ces modes atypiques d'accession", pointe la représentante des promoteurs. "Les jeunes sont encore assez marqués par la vision de leurs parents, qui ne connaissaient pas autre chose". Car, si ces alternatives sont "encore embryonnaires" et représentent "à l'évidence moins du quart de la production", elles sont sans aucun doute "en train de percer" et ont vocation à "intéresser au moins une partie des jeunes". "Je pense notamment au coliving, qui rencontre un succès important", précise-t-elle. Les avantages : "budget, mobilité, souplesse et vivre-ensemble".

 

Des critères de choix classiques… mais impactés par la crise sanitaire

 

Au niveau des critères de choix des biens immobiliers, les jeunes sont là-aussi très classiques : le prix, évidemment, et la localisation restent premiers critères. Oui, mais un peu moins qu'avant la crise : l'épidémie a réduit l'importance du prix, de l'accessibilité et de la sécurité, au profit de la protection de l'environnement, de l'isolation, de la connectivité et de la présence d'espaces extérieurs. L'agencement personnalisable, la luminosité, l'orientation et le pré-équipement du logement restent en revanche superflus. "L'épidémie a clairement bousculé des repères", expliquent les auteurs. "Les jeunes paraissent prêts à consentir à des efforts financiers plus importants, si c'est à ce prix qu'ils peuvent combiner le confort, la qualité de vie et la possibilité de travailler et de consommer depuis chez eux. Ainsi se dessine en creux ce qui a pu leur faire défaut pendant le confinement".

 

Voilà qui doit permettre aux promoteurs d'adapter leurs projets à cette génération et leur permettre de "rester pertinents dans leur offre" et donc "attrayants". Alexandra François-Cuxac, qui a à cœur son devoir "d'éclairer la profession", compte lancer, l'année prochaine, une enquête sur les attentes de séniors, cette fois.

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