A la veille de l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto, le président de la République a appelé mardi les pays développés à aller au-delà du protocole en «divisant par quatre», d'ici à 2050, les émissions de gaz à effet de serre.

«Kyoto n'est qu'un premier pas», a dit M. Chirac, dont les propos ont été rapportés par l'Elysée, lors d'une table ronde sur le changement climatique à l'Elysée, à la veille de l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto. «Nous devrons aller plus loin: diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre de l'ensemble des pays développés», a déclaré le chef de l'Etat, en rappelant l'objectif du Plan climat adopté en juillet dernier.

Il suggère que le prochain sommet du G8 sous présidence britannique, en juillet à Gleneagles, soit «l'occasion d'avancer dans cette direction». Le Protocole de Kyoto, qui prend effet mercredi après avoir été ratifié par 141 pays dont 30 pays industrialisés, vise à réduire les gaz à effet de serre des pays industriels de 5,2% d'ici à 2012 par rapport à 1990. Sans attendre 2012, M. Chirac a souhaité que la France «essaye d'aller au-delà de ses engagements de Kyoto». Il demande ainsi au gouvernement de réfléchir à de nouvelles mesures pour la réhabilitation énergétique des bâtiments anciens et, au niveau européen, de «renforcer les normes existantes» contre la pollution des véhicules automobiles et du transport aérien. Jacques Chirac demande également à la future Agence de l'Innovation industrielle de développer des programmes de recherche dans «six domaines stratégiques» : la séquestration du carbone, le véhicule propre, la pile à combustible hydrogène, les biocarburants, le solaire et photovoltaïque, le bâtiment économe en énergie.

Par ailleurs, le président de la République a déclaré qu'il évoquera la question du réchauffement de la planète lors de son entretien lundi prochain à Bruxelles avec le président américain George W. Bush. «Notre premier objectif cette année doit être de réengager les Etats-Unis dans l'effort international de lutte contre le changement climatique» a-t-il dit. Les Etats-Unis rejettent le protocole de Kyoto en faisant notamment valoir que de grands pays comme la Chine, l'Inde ou le Brésil devraient, eux aussi, être concernés par les engagements des pays industrialisés. M. Chirac propose ainsi d'aider ces grands pays émergents «à s'engager sur la voie d'un développement énergétique propre» indique que, dans la perspective du G8, il demandera «à une grande personnalité de l'industrie» de faire des propositions.

Une douzaine de personnalités ont participé à cette table ronde de près de trois heures. Parmi elles, figuraient le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier, le président du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'Indien Rajendra K. Pachauri, le professeur Jean Jouzel, expert du climat au CNRS, les PDG de Saint-Gobain Jean-Louis Beffa et de Veolia Henri Proglio, le président du Conseil régional de la Réunion, le sénateur Paul Vergès (PCF), ainsi que des dirigeants d'associations.

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