Un an après la décision des pays partenaires de construire le réacteur expérimental de fusion thermonucléaire Iter à Cadarache (Bouches-du-Rhône), des appels d'offres internationaux ont commencé à être lancés pour permettre aux premiers équipements de sortir de terre à la mi-2007.

«Le travail préparatoire se fait maintenant. Il n'est pas visible mais il le sera dès la mi-2007 avec les premiers bâtiments, le début des travaux d'aménagement routier et la construction de l'école internationale» à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), a expliqué à l'AFP Yannick Imbert, directeur de la mission Iter à la préfecture des Bouches-du-Rhône.

Pour être au rendez-vous début 2009 de la construction du réacteur qui doit entrer en fonction en 2016, la mission doit maintenant coordonner une succession d'enquêtes publiques dans des délais très courts.

Une trentaine de procédures administratives sont d'ores et déjà lancées. Le projet est international, les donneurs d'ordre sont internationaux et les appels d'offres aussi. Quant au cahier des charges, il doit répondre à des normes «Iter» tout à fait spécifiques.

Pour l'heure, huit appels d'offres ont été lancés rien que sur l'aménagement de la route qui doit permettre de convoyer les énormes pièces du réacteur depuis Fos-sur-Mer et l'étang de Berre, sur environ 100 kilomètres. 80 millions d'euros ont été débloqués pour élargir la voie, construire 30 ouvrages d'art et repenser les ronds-points. 300 convois de 900 tonnes pour certains sont appelés à l'emprunter pendant cinq ans.

Les pouvoirs publics invitent à des groupements d'entreprises pour mutualiser les forces, «faire du consortium». La mission Iter prévoit que des entreprises locales seront associées aux grandes entreprises étrangères qui ne viendront pas nécessairement avec leurs personnels.

Le préfet de région Christian Frémont a souligné récemment, lors d'une réunion avec les chambres de commerce, que «les entreprises locales ne bénéficieront d'aucun droit particulier pour obtenir les marchés». «En revanche, a précisé le préfet, nous serons extrêmement attentifs au respect du droit social français. Les petites entreprises ne doivent pas croire qu'elles n'ont aucune chance». «On a marqué l'essai, il faut maintenant le transformer. On a un défi à relever, il en va de la réputation française à se voir confier un projet international», résume M. Imbert qui multiplie les rencontres avec le directeur général d'ITER, le Japopnais Kaname Ikeda.

Les sept partenaires au projet de réacteur expérimental de fusion thermonucléaire ITER (UE, Japon, Etats-Unis, Chine, Russie, Inde, Corée du Sud) ont lancé le projet jeudi 24 mai à Bruxelles, en entérinant les accords arrachés l'an dernier au prix d'âpres négociations.

Le projet ne pouvait démarrer sur un plan opérationnel avant la clôture du débat public, le 6 mai. Un débat qui a suscité la colère des opposants au projet: le réseau Sortir du nucléaire n'a cessé de dénoncer une «tromperie», arguant de l'impossibilité de débattre puisque la décision était déjà prise.

«Personne de sérieux ne pouvait considérer qu'une décision prise par 32 nations pouvait être remise en cause par un débat public franco-français. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne fallait pas informer la population», répond Imbert.

2.500 personnes ont participé aux 17 réunions du débat public, préoccupées en premier lieu de problèmes d'aménagement et de logements dans une région en butte à une flambée du foncier. Une vingtaine de hauts responsables et de scientifiques sont déjà sur place, ils devraient être 60 cet été, quelque 150 dans un an. Tous ces chercheurs «ne seront pas mis sous cloche dans une cité internationale, les maires ne le veulent pas», observe M. Imbert. L'idée est au contraire d'irriguer au maximum le territoire. 239 communes se sont regroupées en association pour «Réussir iter». Elles attendent toutes des retombées en termes d'emploi.

actionclactionfp